Les feux sont encore au vert, il faut en profiter. Hermès a créé pas moins de 1.400 emplois artisanaux en France l’année dernière, multipliant les ouvertures d’ateliers et les formations. Le luxe est réputé peu sensible aux crises et pour l’heure, malgré quelques signes de ralentissement, rien ne vient vraiment contredire cette assertion. Les malletiers et maroquiniers de luxe ont ouvert des usines un peu partout, en Dordogne, Oise, Eure, Pas-de-Calais, Anjou, Indre, Charente, Haute-Vienne, Haute-Loire, Saône-et-Loire, Isère, Drôme, Puy-de-Dôme, Aude, Doubs, Sarthe. On ouvre aussi de nouvelles écoles internes pour préserver les savoir-faire et anticiper les besoins en main-d’œuvre (cf: rubrique «parcours»). On forme également sur site pour permettre à des femmes, issues de professions sinistrées, de se reconvertir. Les grandes entreprises ont souvent une école interne. Il s’agit d’initier la nouvelle génération au savoir-faire français en haute-maroquinerie. Trouver des candidats motivés qui allient rigueur et précision n’est pas si facile, d’autant que les ateliers sont plus souvent installés en territoire rural. Les groupes de luxe acceptent les néophytes dès lors qu’ils satisfont aux tests d’aptitudes. France Travail est souvent dans la boucle qui se charge de sélectionner les candidats via la MRS (méthode de recrutement par simulation). Les personnes retenues sont ensuite orientées vers les écoles partenaires. Leur formation est alors complétée par une formation maison pour permettre d’assimiler les techniques propres à la marque. Là où l’on produit en maroquinerie, on recrute pour l’heure activement, a priori jusqu’en 2025. Les ateliers-usines ont rarement un site web, leurs façades sont austères, sans faste, discrétion oblige. Parfois même, on évite d’apposer une enseigne pour tenir à l’écart les curieux et les mal intentionnés. C'est le cas du Groupe de luxe Noras qui recrute et forme des selliers-maroquiniers à Villaines-sous-Malicorne et à Maigné dans la Sarthe. A l'issue d'une préparation au métier de 3 mois au Centre de formation Namadia à Maigné (72), c'est un CDI qui est proposé (1895€ mensuel). C'est plus souvent la PQR (La Montagne, L'Éveil de la Haute-Loire, Le Progrès, L’indépendant, La Nouvelle République, le Dauphiné libéré, la Voix du Nord) qui se charge d’informer sur les ouvertures d’ateliers et les opérations de recrutement. Les offres d’emploi sont le plus souvent confiées à France Travail ou aux agences d'intérim sur le local (ex : Polygone RH pour le Choletais). Le bouche-à-oreille fonctionne plutôt bien. L’excellent site Savoir pour Faire dévoile la plupart des postes offerts en région, mais pas tous. C’est tout de même précieux. Cette initiative du Comité Stratégique de Filière Mode & Luxe concrétise le regain du Fabriqué en France qui permet à de nombreuses entreprises et ateliers français d’exister et de se développer. Des métiers qui exigent tout de même un solide apprentissage avant de se mettre à l’ouvrage. En principe, une bonne école garantit les débouchés en sortie. Il faut en profiter tant la période est favorable à l'emploi. Aux téméraires doués et créatifs tentés de se lancer en maroquinerie artisanale, nous conseillons tout de même de commencer par apprendre les bases du métier au côté de l’artisan, de parfaire sa technique (il faut du temps). Ancienne chef d'atelier en maroquinerie de luxe, puis formatrice en maroquinerie au Greta-CFA de Montbard, Rose-Line Goldstone peut en témoigner. A 51 ans, elle vient d'ouvrir son atelier dans l'artère commercante d'Avallon (89). By Rose est son nom. Pour autant, malgré un parcours qui en dit long sur ses capacités, l'incertitude du lendemain est toujours présente.