La découverte du métier commence souvent par une rencontre à l'atelier. Le cadre des Journées Européennes du Patrimoine se prête plus à la visite d'un atelier d'art. Le relieur qui s'y inscrit sera plus disponible pour parler de son métier. L'Atelier Houdart à Paris ouvre ainsi ses portes du samedi 21 au dimanche 22 septembre pour un "parcours du livre dans l'atelier". Alors, aux jeunes et aux moins jeunes qui veulent se lancer, nous conseillons de tester le métier à l’occasion d’un stage en entreprise ou de se payer un stage d’initiation à l’artisanat d’art. L’amour des livres ne suffit pas, il faut aussi avoir un mental de compagnon, être créatif, persévérant pour pouvoir exprimer sa singularité. Parce que le CAP ne suffit pas, il faut aller chercher l'expérience car c’est en reliant que l’on devient relieur. L’idéal est d’apprendre auprès d’un meilleur ouvrier de France et pas seulement pour acquérir les tours de main. Le maître d’apprentissage prendra aussi le temps de vous parler des choses qui fâchent (loyer, charges, impôts). Concernant l’école, l’idéal encore serait de pouvoir commencer son parcours à Estienne et d’enchaîner dans une école comme La Cambre à Bruxelles pour acquérir la rigueur et l’autonomie artistique, d’autant que Bruxelles est considérée comme la capitale de la reliure. Tout le monde ne le peut pas, nous en sommes bien conscients. L’apprentissage, fut-il de qualité, ne garantit pas non plus l’emploi au sortir des études et il faudra plus souvent tenter de créer son débouché par ses propres moyens. Il y a des rencontres décisives dans la vie et il faut savoir les provoquer. L’idéal est de pouvoir reprendre un fonds de commerce qui se libère au bon moment, car fidéliser une clientèle prend du temps. La confiance est un facteur important pour celui qui confie un livre précieux aux soins du relieur d’art. Ne pas hésiter à suivre des stages de perfectionnement spécialisés pour étoffer son CV si nécessaire. Les grandes bibliothèques municipales, les bibliothèques universitaires patrimoniales comme la Bulac et les établissements spécialisés du patrimoine offrent très peu opportunités. En revanche, pour le relieur installé, ce sont des structures qui peuvent lui confier des travaux réguliers. Pour travailler dans un département de conservation (statut de fonctionnaire), il faut passer le concours de maître ouvrier ou le concours d’adjoint technique des administrations de l’Etat, ouvert aux titulaires d’un CAP de reliure. Autant le savoir, les postes vacants sont très rares. Une fois lancé, il faut pointer son nez aux journées du patrimoine et sur des salons très spécialisés comme le Salon international du Livre Rare et des Objets d’art fréquenté par les antiquaires, les typographes, les graveurs, les designers, les libraires spécialisés dans le livre rare et ancien. C’est ainsi qu’un relieur peut élargir son cercle de clients potentiels. Une présence sur les salons peut aider. Les clients du relieur sont plus souvent des particuliers collectionneurs, des collectivités, des bibliothèques, des antiquaires, des notaires, des bibliophiles. Pour ceux qui sont prêts à bouger pour s'installer, il est préférable de choisir une ville d'art et d'histoire. Le salon Parcours France peut aider à cibler l'environnement idéal pour le relieur.