Jeu vidéo : Le risque est peut-être de former plus que la filière ne peut en absorber, ce d'autant que les licenciements ont repris dans les studios. Près de 500 emplois sont offerts chaque année, ce qui est finalement peu. On sait que le marché du jeu vidéo est cyclique et nous sommes clairement entrés dans un cycle bas. Les offres commencent logiquement à se raréfier. Il est essentiel de se former et de viser l’excellence. Le stage constitue bien souvent le sésame, mais il faut s’investir à fond pour décrocher à la suite un premier contrat, montrer que l’on connait bien l’univers du jeu vidéo et que l’on est à l’écoute des préoccupations des gamers. La diversité des expériences étant appréciée, il ne faut pas mégoter sur un contrat court. Dans ce petit monde, l’accumulation de ces petits contrats permet d’enrichir sa palette, de se frotter au travail d’équipe, de prendre de la bouteille (méthodes de travail, respect des dead-lines, respect des budgets) et d’étoffer son réseau. Pour commencer, vous pouvez utiliser la communauté ArtStation pour héberger votre portfolio (déterminant) et accroître rapidement votre visibilité auprès des recruteurs. Il ne faut pas hésiter à bouger et à saisir les opportunités qui peuvent se présenter, à l’étranger notamment. Le but est d’engranger de l’expérience et de gravir les échelons. Les opportunités sont à trouver sur les sites carrières des studios et sur les jobboards spécialisés. A ceux qui veulent se lancer (et pas que), on ne peut que recommander de consulter les ressources en ligne «autour du jeu vidéo» de la Cité des Sciences et de l’Industrie et, notamment, de visionner les masterclass. Les meetups comme Toulouse Game Dev sont une bonne occasion de réseauter. En programmation, la maîtrise des langages comme C++, Unity, ou Unreal Engine devient indispensable. En design, c'est la créativité et la capacité à repenser les concepts et la manière dont on conçoit les jeux. Plus globalement, il faut se tenir au courant des nouvelles technologies et des tendances émergentes et rester en veille sur ce qui se fait du côté de la concurrence.
Cinéma d’animation : L'emploi se tasse depuis quelques mois. Cependant, tous les emplois proposés par les studios ne sont pas pourvus. Le travail ne se limite pas à la production cinématographique. La publicité, le web corporate font aussi appel aux professionnels de l’image animée. Dans ces métiers d’équipe où l’intermittence est souvent la règle, il faut sans cesse avancer et jouer à fond la carte des réseaux. La réputation de nos écoles permet aux meilleurs d’envisager de travailler dans des studios étrangers comme Pixar ou Dreamworks. Il ne faut pas craindre de bouger et de jouer la carte de la diversification. Dans les EdTech (éducation numérique) notamment, on recrute des spécialistes de l’image animée pour réaliser des serious game et des contenus d’éducation animés. Sur les jobboards spécialisés, vous n’êtes pas tout seul. Le plus simple est de répondre aux P.A publiées sur les sites corporate des studios et/ou de les démarcher par téléphone pour connaître leurs besoins. Ouvrir un blog/site pour un freelance, c’est bien sûr le bon plan. Mais attention ! les recruteurs sont plus intéressés par votre bande démo (Demo Reel) que par vos diplômes. Il est important de montrer que l’on n’est pas enfermé dans un seul style. Si votre profil retient l’attention du recruteur, on peut vous soumettre à un petit test pour vérifier vos aptitudes à faire un story-board par exemple. Concernant les scénaristes, c’est avant tout un job d’indépendant et de solitaire dans tous les sens du terme. Le scénariste d’animation travaille sur commande des sociétés de production et il est rémunéré en droits d’auteur. Sens de la discipline et talent d’écriture. On a beau sortir d’une bonne école comme La Poudrière, le CEEA ou la Femis, il faut se préparer à manger de la vache enragée. Etre le VRP de soi et apprendre à se blinder face aux refus, ce n’est pas donné à tout le monde. Certaines régions comme Centre Val-de-Loire s'engagent pour soutenir les réalisateurs, producteurs. Pour tous ces métiers, la constitution d’un réseau est bien sûr essentielle et cela ne se fait pas en un jour. La télévision (Arte surtout) fait beaucoup pour réduire l'invisibilisation des films et des réalisateurs. Ainsi, Arte France Cinéma s'engage chaque année sur un long métrage en co-production. Il y a des villes, des écosystèmes où ça bouge plus qu'ailleurs (Paris, Valence, Angoulême, Vendôme, Marseille). Les plus motivés se rendront au Festival international du film d’animation d’Annecy et son MIFA Campus, où des recruteurs les attendent (ne pas oublier son portfolio et son ordinateur portable). C’est le lieu qui rassemble le gratin de la profession.
Cinéma d’animation
Jeu vidéo
Jeu vidéo
Animation
En région
Free lance
Jobs à l’étranger
Il faut attendre 1972 pour voir apparaître le premier jeu vidéo destiné au grand public. Pong, c'est ce jeu de ping-pong d'Atari, une entreprise américaine, qui se jouait sur la fameuse borne d'arcade. D'autres l'ont évidemment précédé, mais c'est le premier jeu grand public à rencontrer un véritable succès commercial avant Super Mario Bros (1985/du japonais Nintendo), ce dernier comptant parmi les jeux les plus vendus de tous les temps. Écrasant la concurrence, les éditeurs américains et japonais sont rejoints dans les années 80 par les éditeurs français et chinois. En 1983, un krach frappe cette industrie naissante. Trop de jeux sont alors lancés sur le marché qui submergent la chaîne de distribution. De nombreux studios ferment. La filière française, très éclatée, prend l'eau. Le Japon prend alors le lead sur les consoles de salon (Nintendo, Sega). 1994 marque l'arrivée de la PlayStation de Sony. La bataille fait rage. L'américain Microsoft entre sur le marché en 2001 avec sa console Xbox. Quant aux studios, ils se développent à San Francisco, Los Angeles, Tokyo, Séoul, mais aussi Montréal et Paris. Le groupe chinois Tencent entre sur le marché du jeu vidéo en 1998. L'entreprise devient vite un poids lourd. Tencent est aujourd'hui le n° 1 mondial du secteur. La France, elle, est 3ème producteur de jeu vidéo dans le monde, mais seulement 7ème en termes de recettes. Si la qualité et l’originalité des productions françaises sont reconnues mondialement (la french touch), il faut reconnaître que nos studios sont marginalisés. Nos formations étant de qualité et reconnues, de nombreux talents ont été débauchés au début des années 2010 par des studios américains ou canadiens plus généreux, celui d'Ubisoft Montréal compris. Pour autant, l'éditeur français Ubisoft, par son exemple, a permis d'endiguer la fuite des talents et, ce faisant, de protéger l'écosystème français. Les studios français ont choisi la spécialisation. Ils sont à la pointe sur les jeux mobiles et sociaux. Mais une crise se profile dans le secteur. Un problème de surabondance de jeux à nouveau ?
Le marché est porté par ses trois écosystèmes Consoles, PC Gaming et Mobile. Les 1.200 entreprises du jeu vidéo (dont 700 studios) se répartissent sur l’ensemble du territoire, avec toutefois une très forte concentration en Île-de-France (44,6% des entreprises du jeu vidéo), Saint-Mandé (94) accueillant le nouveau siège d’Ubisoft Monde. Les studios sont fortement concentrés à Paris. On peut citer Dontnod, Voodoo, Madbox, Focus Home Interactive, Lizardcube, Homa Games, Cyber Group Studios, Arkane Studios, Gameloft (Groupe Vivendi) et Quantic Dream, ce dernier connu pour ses jeux narratifs et cinématographiques de qualité comme Heavy Rain. A noter que Paris a son Musée des arts ludiques. Auvergne Rhône-Alpes (13,2%) occupe la 2ème place avec le Pôle Pixel de Villeurbanne et ses studios comme Ubisoft, Artefacts Studio, Arkane (également à Lyon) qui a raflé plusieurs prix aux Pégases 2022 pour Deathloop ou encore Dowino, ZQSD productions, Draw Me a Pixel, 8Sec.games à Lyon, Périple Studio à Clermont-Ferrand. A noter que le pôle de compétitivité Imaginove a cessé ses activités. L’association Game Only a été créée à Lyon dans la foulée pour représenter les intérêts du jeu vidéo en région. Le conseil régional ARA a débloqué une enveloppe de 800.000€ pour soutenir ses studios, au nombre de 131. Nouvelle-Aquitaine (9,3%) n’est pas en reste qui compte une trentaine de studios dans le Grand Angoulême tels Aurora Games, Dreamtronic, Fireplace Games et d’autres en Gironde. Bordeaux accueille par exemple Asobo (270 salariés), Shiro Games, Ubisoft (encore lui) et des petits studios comme Nova-Box, Motion Twin. Le Pôle Magelis et l’Ecole ENJMIN font de cette région une nouvelle place forte du jeu vidéo, au moins en tant qu’écosystème. Ces trois régions sont d’ailleurs très proches en part de studios (10 à 12% chacune). Occitanie (8,8%), bien que comptant moins d'entreprises que dans les précédentes, revendique la 2ème place (90 studios, 600 emplois, 4 écoles). Les studios sont majoritairement concentrés à Montpellier et ses environs. On peut citer Ubisoft présent à Castelnau-le-Lez ou encore Midgar Studio, The Game Bakers, Pixel Reef, Plug In Digital, Magic Design Studios, Digixart, Blue Twelve, ce dernier ayant reçu le prix du meilleur jeu vidéo français aux Pégases 2023 pour Stray. L’essor du jeu vidéo doit beaucoup à Push Start, une association de promotion qui soutient les jeunes talents de la région. Ubisoft y a contribué indirectement. Ainsi, Digixart a été créé par Yoan Fanise, un ancien de la maison. En revanche, les régions PACA (6,6%) (PixelHeart, Exkee à Marseille, Atypique Studio à la Ciotat), Hauts-de-France (6,2%) (Ankama, 1P2P Studio à Tourcoing et les écoles Esaa et Pôle IIID à Roubaix), Pays de la Loire (3,3%) et Bretagne (2,1%) sont plus en retrait. On peut citer le studio Nevermind basé à Nantes. Le cluster Atlangames anime le réseau des professionnels du jeu vidéo de l’Ouest. Enfin, pour ceux qui souhaitent travailler en Bourgogne-Franche-Comté (0,2%), Centre Val-de-Loire (1,2%), Normandie (1%), ce n’est pas gagné, les studios sont très peu nombreux. Au moins, une école s’est ouverte à Tonnerre dans l’Yonne. Basée à Châtillon-le-Duc (25) près de Besançon, Shine Research est une référence dans le jeu vidéo et le serious game. Cette réalité géographique ne fait pas obstacle à l’émergence de studios sur le territoire. A ce titre, il suffit de rappeler que la société Ubisoft est née à Carentoir en Bretagne, grâce aux cinq frères Guillemot, et qu’aujourd’hui, elle possède 40 studios dans une trentaine de pays, dont six en France (Montpellier, Lyon, Annecy, Paris, Carentoir, et Bordeaux). Le succès de jeux comme Assassin’s Creed Origins et Lapins crétins et la création de moteurs de jeux comme Jade engine et Snowdrop ont bien aidé Ubisoft à poursuivre son fabuleux destin.
Cinéma ou cinéma d'animation, on se demande souvent ce qui les distingue. Dans l’animation, on arrête la caméra à chaque image (image par image). Émile Cohl (1857-1938) fut l'un des pionniers du cinéma d'animation. Il a donné son nom à une école de dessin réputée. Charles-Émile Reynaud est considéré comme l'un des précurseurs du cinéma d'animation. Son théâtre optique, projeté en 1900 au Musée Grévin, remporta un franc succès. Dans l'entre-deux guerres, les studios américains Disney sont la référence en matière de dessin animé grand public (Mickey Mouse). A la scène de l'époque, s'ajoutent les studios Fleischer (Popeye 1930-1938) et la Warner Bros (Bugs Bunny, Daffy Ducks du réalisateur Tex Avery). La demande d'animation va exploser avec l'arrivée de la télévision et du cinémascope dans les années 50. La période 60-70 marque l'essor des productions japonaises. En 1972, le réalisateur américain Ralph Bakshi réalise Fritz the Cat, un long-métrage tiré d'une bande dessinée de Robert Crumb. C'est le premier du genre à s'adresser à un public "averti". C'est aussi la première fois qu'un long métrage d'animation pour adultes génère des gains aussi importants (25 millions de dollars au box-office). Pour autant, dans les années 70-80, l'animation reste focalisée sur le jeune public. Les dessins animés japonais ont envahi le marché. De son côté, l'animation française se distingue à l'international par des succès plus isolés comme le Roi et l'Oiseau (Paul Grimaut/1980), Kirikou et la sorcière (Michel Ocelot/ 1998) ou encore Triplettes de Belleville (Sylvain Chomet 2003), loin des blockbusters américains. Si les films français s'exportent moins que les films japonais (Le Voyage de Chihiro/2002) ou américains (Toy Story/Pixar, le Roi Lion/Disney), un éco-système de studios indépendants va émerger grâce, notamment, au soutien des pouvoirs publics et, il faut le dire, à la qualité de nos écoles, pour ne citer que Les Gobelins. L'animation japonaise étant aujourd'hui plus tournée vers son marché intérieur, la France est devenue le 2ème producteur au monde d’animation après les États-Unis.
En dépit des succès au box-office de la French touch, notamment à l’étranger, le cinéma d’animation français reste un petit monde qui fait vivre près de 160 studios actifs et guère plus de 6.000 salariés (dont 80% d’intermittents, un millier de permanents), un chiffre en progression constante toutefois. Des studios concentrés pour l’essentiel dans quatre régions. A elle-seule, l’Île-de-France accueille près de 70 studios comme Lagoon à Evry ou encore TeamTO, Folimage, Fost, Fortiche Production, Zagtoon, Mikros Animation, Passion Pictures, Caribara, Remembers Productions, JSBC, Mac Guff à Paris. Ce dernier s’est fait connaître au plan international par son outil Face Engine qui permet, grâce à une IA de pointe, de rajeunir un personnage ou redonner vie à une personne disparue. A noter que Zagtoon (Groupe Zag) a produit Miraculous, une série animée qui connait un succès planétaire. Le film adapté de la série vient de sortir en salle et signe le meilleur démarrage de l'histoire pour un film d'animation français. La série Arcane de Fortiche production n'est pas en reste. En Nouvelle-Aquitaine, la filière s’est organisée autour du Grand-Angoulême. Plus connue pour la bande dessinée, la cité d’Angoulême s’est dotée d’un Pôle sur le cinéma d’animation et le jeu vidéo (Magelis), propice à l’installation de nouveaux studios et à une meilleure synergie entre-eux. Preuve de son rayonnement, cinq nouvelles écoles ont rejoint le Pôle, dont Helios Gaming School, une école lorraine de e-sport. Des studios comme 2D3D animations, Fost, 3DVF, Borderline films, Toonkit ont été attirés par cet écosystème dynamique. Ce dernier, spécialisé dans l’articulation des personnages, s’est d’ailleurs forgé une belle réputation internationale en travaillant notamment sur les clips des Marmottes sportives de France 3. D’autres sont plus récents comme Shantoo qui a réalisé les animations des personnages du Petit Nicolas récompensé au Festival d’Annecy. Novanima a produit dernièrement Soleil gris de Camille Monnier, sélectionné au Festival de Locarno 2024, un film soutenu par la Région et par Alca. Aujourd’hui, le Pôle Magelis accueille 140 structures (studios, écoles, éditeurs producteurs, associations), 1.500 professionnels (son, image, animation, édition, jeu vidéo…). Dernier à s’y installer : Superprod. En région Occitanie, une filière régionale se développe avec l’ambition de faire de Toulouse la capitale européenne du cinéma d’animation. TAT Production est la société qui monte dans la ville rose. A noter que Montpellier a dorénavant sa Cité Créative, un écosystème qui rassemble les acteurs du jeu vidéo et des studios comme Les Fées Spéciales, la filiale de Fortiche Production, des entreprises, startups et des écoles spécialisées comme l’Esma. 1.400 élèves se forment au digital, design, animation 3D et cinéma. Montpellier accueille l'un des 3 studios de Fortiche Production qui a participé au succès sur Netflix de la série Arcane, une co-prod distinguée au Creative Arts Emmy Awards de Los Angeles en 2022. Les studios étrangers n'hésitent pas à faire le déplacement pour récruter les meilleurs. Nobody Studio est le petit nouveau spécialisé en animation, post production et VFX. La région Auvergne Rhône-Alpes n’est pas en reste qui dispose d’un Cluster animation à Bourg-lès-Valence (14 studios dont Foliascope, (600 emplois au total). La Cartoucherie accueille une quinzaine de studios comme Folimage, TeamTo, Les Films du Nord, Fargo, Andarta Pictures, des écoles de renom comme La Poudrière. La région accueille aussi le pôle d’excellence Citia à Annecy qui aide les entreprises de la filière et les porteurs de projets en Haute-Savoie, sans oublier le Pôle Pixel (plus orienté cinéma) qui accueille à Villeurbanne le studio de postproduction Lumières Numériques. Annecy est un haut lieu qui accueille chaque année le Festival International du Film d’Animation (+le MIFA). En Bretagne, le cinéma d’animation compte peu de studios. On tente de rattraper le retard. On se regroupe du côté de Rennes (JPL Films, Vivement Lundi). Creative Seeds, ouverte en 2018, est l’école d’un nouveau genre qui fait parler d’elle. Le studio Personne n'est parfait se positionne en partenaire, notamment sur le stop motion. Quant au studio malouin o2o studio, il se bat actuellement pour sa survie. A signaler la résidence de Ciclic animation à Vendôme (41) en région Centre Val-de-Loire. Pour les résidents, une retraite en immersion totale qui leur permet de se concentrer sur le dur labeur qu'est la réalisation d'un film d'animation. Fabienne Wagenaar, ancienne élève de l'école La Poudrière à Valence, y a réalisé son nouveau film Plus douce est la nuit. La ville de Vendôme est devenue l'une des références internationales du film d'animation. La région Pays de la Loire est peu présente dans l’animation. Malgré la présence à Nantes de l’ESMA, classée 5e meilleure école d’animation 3D en Europe (2ème en France), elle manque de studios. Heureusement, Nantes a désormais son studio d’animation, L’Incroyable Studio. PACA cherche aussi à booster sa filière animation. Il y a un rattrapage à faire pour éviter que les étudiants de la MoPA (Arles) ou de Brassart (Aix-en-Provence) ne soient contraints de quitter la région au sortir de leur formation. Marseille avait accueilli l’événement CartoonNext dédié au futur de l’animation. A ce titre, l’association SudAnim a été missionnée pour développer l’écosystème animation sur le local.
Jeu vidéo les qualités : culture du jeu, culture du cinéma, de la bande dessinée, intérêt pour la technologie (informatique, 3D), créatif, imaginatif, agile, aptitude à résoudre des problèmes, esprit d'équipe
Bac Pro production graphique, artisanat et métiers d’art, option communication visuelle plurimédia, idéalement, avant d’attaquer une école spécialisée, payante le plus souvent (DMA cinéma d’animation, bachelor jeu vidéo….) pour se former à l'un des 57 métiers du secteur. Un informaticien à Bac+4 peut se spécialiser et tenter sa chance en ce moment sur la 3D dans un contexte applicatif de réalité augmentée, de jeu vidéo ou de serious gaming, pour travailler ensuite au sein d’équipes pluridisciplinaires (programmeurs génie logiciel, graphistes, designers…) sur des projets plus vastes encore. Qualité et références des enseignants à surveiller dans le choix de l’école. La plupart des enseignants des écoles privées travaillent dans l’industrie du jeu vidéo. Idéalement, l’école doit être connue et reconnue dans le milieu. Des enseignants qui ont tôt fait de repérer les meilleurs éléments et qui n’hésiteront pas à leur mettre le pied à l’étrier.
N.B : Il existe une bourse (Bourse JV) pour les étudiants qui n’ont pas les fonds suffisants pour se lancer dans le jeu vidéo. Conscient de l’intérêt croissant de la jeunesse pour le jeu vidéo et le cinéma d’animation, l’école Tumo Paris propose aux lycéens et étudiants des labs et masterlabs durant les vacances scolaires.
Écoles : Émile Cohl (réputée pour son côté généraliste et pour le dessin), Isart Digital Paris, Rubika Valenciennes, New3DGE Paris Gobelins Paris, ESAV, EICAR (écriture scénarisitique), ESEC, Créajeux Nîmes, Pôle 3D Roubaix, Objectif 3D Angoulême, Montpellier, CNAM ENJMIN Angoulème, Brassart Grenoble, LISAA, Université Lyon 2 Gamagora, Bellecour, G Art, Gaming Campus Lyon, Paris, IIM La Défense, ETPA Toulouse, ICAN Paris. Nouveau !CREASUP Digital Tonnerre (89). Nouveau : master management du jeu vidéo (MAJIC) UCA Creates Cannes. ESMA Rennes, Bordeaux (cycles professionnels Cinéma d’Animation 3D & Effets Spéciaux ainsi que Jeu Vidéo), Université de Lorraine Nancy (master conception de dispositifs ludiques).
Autres spécialités (e-sport) : A noter la création de Paris Gaming School à Montreuil (93) qui se présente comme l’école des métiers du e.sport (cyber athlète, coach, blogueur, commentateur e.sport, streamer pro…). Une école qui forme à des métiers qui concernent plutôt les passionnés du e.sport vidéo qui aspirent à en faire leur métier. Des métiers* en attente de reconnaissance légale, à ne pas confondre donc avec ceux qui créent et développent les jeux vidéo. Draguignan (83) a aussi son école, la PuR eSport Academy. A noter qu’Ubisoft s’intéresse à la féminisation du secteur des jeux vidéo. Une collaboration avec l’école numérique Simplon vise à former des techniciennes supérieures systèmes réseaux. Six mois de formation intensive débutant en mai prochain, débouchant sur un contrat en alternance d’un an avec possibilité de recrutement chez Ubisoft (formation gratuite de 17 techniciens supérieurs, dont 70 % de femmes à Montreuil)
*Le SNJV vient de publier son nouveau référentiel des métiers du jeu vidéo (très complet). Gaming campus a publié le Guide Métiers du jeu vidéo 2024 (en téléchargement gratuit)
Baromètre 2023 des formations aux métiers du jeu vidéo : http://snjv.org/publications
http://reseauformations-jeuvideo.fr
Cinéma d'animation les qualités : manuel, artistique, aimer le dessin, intérêt pour la technologie numérique (3D), créatif, imaginatif, volontaire, esprit d'équipe
Écoles : Atelier de Sèvres Paris, Campus fonderie de l’image Bagnolet (93) (DN MADE animation), École Georges Mélies Orly, La Poudrière Bourg-les-Valence, EMCA Angoulême, École Pivaut, ESMA Nantes (animation 3D), ESMA Montpellier, 3IS, IIM La Défense, École des Nouvelles Images Avignon (image de synthèse), IDEM Le Soler (66), École L’Atelier Angoulême (16), ECV Bordeaux, MoPA Arles, Creative Seeds Cesson Sévigné 35, École de Condé (plusieurs villes), CinéFabrique Lyon, Ensad Paris, Les Gobelins. Cette dernière propose une formation d’un an d‘animateur de personnage 3D, adaptée aux besoins du moment. A noter que l‘École Estienne Paris, l’Esaat Roubaix, l’Ati Paris 8 sont gratuites ou presque mais les places sont comptées. A signaler aussi la première formation solidaire et entièrement gratuite au métier d’animateur 3D (6 mois à temps plein) proposée par l’Ecas de Bourg-Lès-Valence (26). A noter que l’Esma rejoint le nouveau bâtiment de la future École supérieure des métiers artistiques (section cinéma) de Bordeaux. Nouveau ! Chara Arts Valence (26). L’école Creative Seeds Cesson-Sévigné (35)
S’informer sur les métiers du cinéma d’animation : voir les petites vidéos métiers de Tat Productions ou encore cette web série réalisée par France Travail
Formation en ligne : E-TribArt
Spécialités effets spéciaux, 3D VFX, image de synthèse : ArtFx sur Montpellier, Brassart, MoPA Arles et ICAN à Paris. L’IIM propose également un MBA spécialisé en video game management. Courts On Paris, Saint-Ouen modélisation 3D (SketchUp)
Spécialités réalité virtuelle, réalité augmentée, ouvertes aux informaticiens (à partir de Bac + 4) : Master Arts et technologies de l’image virtuelle, Master sciences de l’image, Master 2 Image Développement et Technologie 3D, Mastère 3D& jeux vidéo
Scénariste : Lisaa et RECA Animation proposent un mastère scénariste cinéma d’animation & jeu vidéo
Quelques écoles : Université Paris 8, Université Gustave Eiffel, Université Lyon 1, ESGI Paris
Réseau des Écoles Françaises d’Animation (RECA)
http://www.reca-animation.com
Après 20 années de croissance ininterrompue dues aux consoles de chez Sony et Microsoft (PS5, Xbox Serie X) et au free-to-play (téléchargement gratuit ou à prix très modique), le marché est parvenu à un point d'inflexion et l'euphorie de 2020 est retombée. Les ventes de jeux vidéo sont en recul en 2024, tout comme les ventes de consoles. Pour certains observateurs, il s'agit d'un retour à la normale après les sommets de 2020 et 2021. D'autres parlent de crise de surproduction et pointent l'inflation des coûts. Le limogeage brutal en juillet dernier des 36 salariés de l'éditeur indépendant américain Humble Games a fait l'effet d'un coup de tonnerre. Depuis Xbox et Activision ont dégraissé. D'autres studios comme Arkane à Austin au Texas vont fermer. On redoute l'effet de contagion en Europe. Ubisoft (18.000 salariés dont 4.000 en France) traverse une mauvaise passe et annonce de nouveaux licenciements en Europe. L'entreprise, en pleine restructuration, va fermer ses studios de Leamington et de Newcastle (UK). Des rumeurs circulent sur un plan social visant 4.000 postes et même d'une cession. Le studio Don’t Nod doit se restructurer et pour cela supprimer 20% de ses effectifs en France (69 postes). Basé à Lyon, Mi-Clos Studio a fermé en mars dernier, un an après son rachat par Supernova Capital, un fonds d'investissement et le studio malouin o2o a été placé en liquidation judiciaire. On entre clairement dans une phase de décroissance. Le Paris Games Week 2024 a refermé ses portes sur fond d'inquiétudes sur l'emploi. La perspective d'une suppression du crédit d'impôt jeu vidéo ne va pas ramener la sérénité.
La french touch s'affiche habituellement en force dans les salons étrangers. Pas moins de 35 entreprises représentaient l'année dernière le pavillon France au Gamescom de Cologne en août, dont les studios Don't Nod, Nevermind et Shiro Games, tous rassemblés autour de leur syndicat, le SNJV. Mais le marché n'est plus à la fête. Le géant Ubisoft est en mauvaise posture et contraint de fermer des studios. Son titre plonge en Bourse. Avec ses 18.000 salariés et sa quarantaine de studios dans le monde, il n’est pas le plus représentatif ce qui se fait à l’échelle de l’hexagone. Il est un peu l’arbre qui cache la forêt. De plus, ce gros éditeur et développeur qui vit sur ses jeux à succès peine à sortir de nouveaux blockbusters depuis sa célèbre saga Assassin’s Creed. Les ventes de Star Wars Outlaws, sorti en août dernier, déçoivent. Le nouvel opus de la saga Assassin's Creed Shadows a été repoussé à février 2025. Heureusement que son back-catalogue performe encore. Pour les éditeurs moins connus, la courbe des ventes n’épouse pas toujours celle des profits et la concurrence entre les studios tire les prix de production des jeux vers le bas. Cela finit par se répercuter sur les bilans et même sur les salaires. Le nombre de studios de développement (557) continue de croître, mais plus lentement. On craint cependant un retour de bâton avec plus de fermetures que d'ouvertures cette année. La dernière édition physique du Salon E3 de Los Angeles avait emboité le thème de la mixité dans les entreprises du jeu vidéo, un univers très masculin. Les femmes ne représentent en effet que 14% des effectifs des studios. A noter que Gameloft qui n’avait que son siège social en France (17 studios à l’étranger) a ouvert un studio à Paris.
En France, dans l’ombre d’Ubisoft, des petits studios comme Motion Twin tentent d’exister qui peinent à trouver des investisseurs et des distributeurs pour se développer. Créer un jeu vidéo correspondant aux attentes des gamers nécessite de pouvoir investir. Bpifrance peut aider. Si certains éditeurs de renom comme Eden Games, Kalisto, Nobilis ont disparu, ils ont montré la voie à d’autres comme Asobo à Bordeaux qui connait un franc succès à l’international avec son jeu A «Plague Tale: Requiem», qui a raflé la mise aux Pégases 2023, et sa suite «Innocence», un jeu d’aventure et d’infiltration. La situation s’est bien améliorée grâce, il faut le dire, au crédit d’impôt passé à 30% et aux aides publiques comme le Fonds d’Aide au Jeu Vidéo (FAJV). Il est vrai que chez nous, le jeu vidéo s’inscrit dans la sphère artistique, créative, culturelle, ce qui donne accès aux aides publiques au projet au travers du FAJV notamment, lui même décrié et suspecté de copinage. La situation est différente chez nos concurrents européens. Le Royaume-Uni compte plus de studios (2.000). Le jeu vidéo britannique est très londonien lui aussi, mais il est plus ambitieux en matière de croissance. Le London Games Festival est là pour les y aider. Quant aux studios allemands, ils sont plus décentralisés que les nôtres et plus tournés vers les investisseurs privés qui investissent plus sur le studio lui-même que sur ses projets. L’approche des studios allemands est aussi plus «techno» et plus business orientée, ce qui ne surprendra personne. Nous sommes aussi devancés par l’Allemagne. Pour grossir le trait, nos studios fourmillent d’idées créatives mais le système de financement public par projet les bride plus qu’il ne les aide. Pour se financer, le jeu vidéo hexagonal doit se tourner vers le privé plus qu’il ne le fait. Pour ce faire, le SNJV vient de lancer la plateforme France Gaming Angels pour mettre en relation les porteurs de projets et startups du jeu vidéo et les professionnels qui souhaitent investir et accompagner les jeunes pousses. A l’occasion de la présidentielle 2022, le SELL avait lancé ses 4 propositions pour faire de la France le leader du jeu vidéo en Europe. Si nombre de nos meilleurs techniciens ont quitté et quittent encore la France pour Montréal (chez Eidos par exemple) ou Los Angeles (chez Epic Games par exemple), c’est parce que les canadiens et américains bénéficient depuis bien longtemps de généreuses aides fiscales en R&D permettant à leurs entreprises de produire moins cher qu’en France, même si le gap s’est réduit. L’autre raison est que les game artists français y sont bien accueillis et qu’ils bénéficient de plus de moyens. Au Canada, tout est fait pour attirer les meilleurs, Ainsi, chez Eidos, on est passé récemment à la semaine de 4 jours (difficile de rivaliser). Heureusement, le marché hexagonal du jeu vidéo tire autant profit du Fonds d’aide au jeu vidéo (FAJV) destiné à l’innovation que du crédit d’impôt jeu vidéo (CIJV) et de l’intérêt croissant du jeune public. Les nouvelles consoles séduisent de nouveaux gamers et les commandes de jeu vidéo sont en constante augmentation. L’e-Sport est également en plein essor (sur PC, sur multi-plateformes). Les jeux d’aujourd’hui proposent, il est vrai, des graphismes très proches de la qualité cinématographique. Avec l’arrivée des casques virtuels pour la réalité virtuelle, le marché du jeu vidéo est appelé à se développer plus encore. A ce titre, le studio bordelais Asobo, qui a obtenu le «Pégase» du meilleur jeu vidéo en 2021 et celui de l’excellence visuelle pour son Flight Simulator, a bénéficié des rendus saisissants des lunettes Hololens de Microsoft, preuve que le jeu vidéo n’est pas le seul débouché pour les spécialistes de la modélisation 3D photogrammétrique, de la réalité augmentée ou la réalité virtuelle. En effet, l’industrie aéronautique (simulateurs de vol), l’automobile (systèmes d’affichage intégrés au pare-brise), le culturel (histopad des musées), l’éducation (serious game) se lancent eux-aussi dans l’aventure. On note ainsi que Voodoo, une startup française spécialisée dans l’édition de jeux vidéo sur smartphone, a bien grandi depuis sa création en 2013. Elle compte aujourd’hui 250 salariés répartis sur cinq pays. Une startup du gaming devenue une licorne valorisée à plus d’un milliard d’euros, c’est assez rare pour être signalé. Pourtant, en dépit du mouvement de concentration qui se poursuit au niveau international, le monde du jeu vidéo est plutôt constitué de petits studios qui peinent à grandir et qui préfèrent recourir au prêt de main d’œuvre, voire inciter les postulants à opter pour le statut d’auto-entrepreneur, ce qui évite d’avoir à licencier une fois le travail livré au client. Pour se développer, ces petits studios misaient beaucoup sur la nouvelle réforme du CIVJ, censée élargir les critères. Le nouveau barème à point, issu de la nouvelle réforme applicable depuis le novembre dernier, devrait leur donner satisfaction. Ce CIJV renforcé, plus lisible et plus accessible, fait la part belle à la création visuelle et musicale et à l’innovation techno. Le barème est en outre calibré pour les jeux vidéo mobiles qui correspondent à l’évolution du marché. Du fait de la croissance du jeu vidéo, les petits studios comme les gros suscitent les appétits et peuvent vite tomber dans l’escarcelle de géants comme le chinois Tencent, les américains Electronics Arts, Take-Two Interactive et Microsoft. Ce dernier a racheté pour 68,7 milliards de dollars (un record dans la tech) Activision Blizzard, un autre poids lourd connu pour ses sagas cultes Call of Duty et World of Warcraft, deux licences parmi les plus importantes.
Malgré l'engouement pour le jeu vidéo, l'activité se tasse, un effet de cycle, dit-on. Les studios français sont plus ou moins épargnés pour l'instant. L'IA générative est dans les esprits même si elle est déjà une réalité dans les studios. Si l'IA aide au développement des jeux, elle est une menace potentielle pour l'emploi des Concept Artists. Les plus hostiles s'inquiètent d'une uniformisation de la création et pointent la question du respect du droit des auteurs. A suivre... Les candidats senior expérimentés (développeur gameplay, rigger, concept artist, lead graphist, QA testeur...) n’auront pas trop de mal à décrocher un emploi ici ou ailleurs, d’autant que le jeu vidéo hexagonal reste une référence pour ses jeunes talents et l’excellence de ses écoles. On apprécie surtout leur créativité. Dans ce contexte, les professionnels peuvent se rassurer, ne serait-ce qu’au vu de l’engouement pour l’e-sport-gaming et le rythme soutenu des achats de consoles. Si la passion pour les jeux vidéo est un moteur puissant pour aborder ce secteur (les gamers ont déjà les game skills), il faut quand même choisir sa spécialité (programmation, design, son, marketing, data, production). Quant aux qualités pour s'épanouir dans le milieu du jeu vidéo, il faut être ouvert d'esprit, agile, positif, imaginatif, apporteur de solutions, résistant au stress et toujours prêt à se remettre au travail et apprendre de nouvelles choses. Pour le reste, les bonnes écoles sauront vous aiguiller selon votre profil et vos intérêts (technique, artistique, gestionnaire, communiquant).
La France est le 1er pays producteur de films d’animation en Europe et 2ème dans le monde derrière les États-Unis. Cette filière d’exception est portée par l’intérêt de chaînes de télévision comme Okoo, Arte et de plateformes de streaming étrangères comme Netflix, Disney Movies. Nos studios hexagonaux sont d’excellente réputation. Ainsi Cyber Group Studios produit des films pour enfants. Cette société qui se développe à l’international avait remporté le prix de l’export audiovisuel 2021 avec sa série télé Gigantosorus, vendue dans 194 pays. Les productions françaises affichent une forte hausse des entrées à l’étranger (+174,8 %) par rapport à 2021. Pil’s Adventures (titre à l’international) de Julien Fournet (Tat Productions) a scoré dans une trentaine de pays. L'animation française est même présente dans le manga (Le sommet des dieux de Patrick Imbert/Studio Fost). La production Ciné + TV française est prolifique. Miam ! Animation produit pour la chaine Okoo de France Télévisions. La série préscolaire ludique et éducative Edmond et Lucy, réalisée en 3D réel en partenariat avec Artefacts Studio, un studio villeurbannais de jeu vidéo, est promise à un bel avenir international. Preuve de l'intérêt, des réalisateurs de renom se mettent à l'animation. Michel Hazanavicius a réalisé La Plus Précieuse Des Marchandises, sorti récemment. Les soutiens de Régions comme Centre Val-de-Loire (Ciclic animation), Nouvelle-Aquitaine (Alca), la plus engagée, et du CNC font du bien à la filière. Ce dernier a compris qu’il fallait revoir son système de soutien pour pousser à la relocalisation de certaines activités comme le coloriage, assez souvent sous-traité en Asie. Ainsi, les films tournés en langue étrangère sur notre sol bénéficient du crédit d’impôt cinéma tant que l’animation, la 3D, les effets spéciaux, sont réalisés dans nos studios. Plus généralement, ce crédit d’impôt international participe largement à la bonne tenue des embauches. Nos séries d’animation de télévision s’exportent bien. L’international est d’ailleurs leur première source de financement. 83% des séries d’animation françaises ont bénéficié d’un financement étranger. A noter l’appel à projets la grande fabrique de l’image, piloté par le CNC (350 M€). Il permettra de soutenir le développement de grands studios de tournage, la montée en puissance de studios de production numérique et d’organismes de formation, afin de développer les compétences nécessaires aux métiers de l’image.
Derrière cette réussite, il y a bien sûr le travail des réalisateurs et des studios, mais aussi celui des écoles françaises d’animation. Quatre d’entre-elles se hissent d’ailleurs dans le top 10 mondial. Ainsi, les Gobelins reste n°1 au classement mondial des écoles d’animation. Rubika est 9ème. ArtFX est n°1 au classement The Rookie Awards 2019 et 2020 en catégorie effets spéciaux. L’école arlésienne MoPA (16ème) est souvent mise à l’honneur. Une précocité des talents qui force le respect. Il faut dire que les élèves produisent sur place et que MoPa travaille avec un prestataire chargé de gérer la distribution et l’inscription des courts-métrages dans les festivals français et internationaux. Une stratégie payante visiblement. Les productions tricolores sont au plus haut. Le corollaire de tout cela, c’est une progression spectaculaire des embauches (+ 50% en dix ans). La formation peine à répondre à la demande et le SPFA se montre particulièrement optimiste pour l’avenir en pariant sur la création de près d’un millier d’emplois. Preuve de sa qualité, le cinéma d’animation français réalise 33% de son chiffre d’affaires à l’exportation. Les studios américains comme Pixar, Deamworks viennent chasser les talents jusque dans nos écoles. Pierre Perifel, un ancien d’Émile Cohl et des Gobelins, en fait partie qui a été débauché par un gros studio américain. Après avoir gravi tous les échelons (animateur, superviseur, storyboarder), il dirige aujourd’hui The bad guys, un long-métrage d’animation produit par le mythique studio Dreamworks. La fuite des talents n’est pas une fatalité d’autant que les studios étrangers, qui connaissent l’excellence de notre système de formation, n’hésitent plus à produire en France. Raison pour laquelle Illumination Studios est à Paris. Tout cela profite à l’emploi. Toutefois, contrairement au jeu vidéo où l’on recrute assez souvent en CDI, c’est l’intermittence (CDD d’usage) qui est la règle dans le cinéma d’animation. On recrute au sortir des écoles, mais les métiers de l’animation ne sont pas si bien connus. C’est l’occasion de saluer l’initiative du studio toulousain Tat Productions (cité plus haut) qui a réalisé une douzaine de petites vidéos (à trouver sur leur site) présentant les métiers de la production d’un film d’animation 3D (setup, texture, animation, VFX, storyboard, éclairage rendu etc…). Les professionnels interviewés répondent à trois questions : En quoi consiste ton métier ? Quelles qualités doit-on avoir pour faire ce métier ? Quel a été ton parcours ?
Cinéma d’animation : n°1 en Europe, n°3 dans le monde
9.000 auteurs. 160 studios sont actifs dans ce milieu qui emploie près de 9.000 personnes (artistes, auteurs, techniciens), dont 87% en CDDU, un chiffre qui pourrait se stabiliser. Depuis le Roi et l’Oiseau, la filière a beaucoup évolué notamment sur le plan technologique. 55% des personnes qui travaillent dans l’image animée ont moins de 40 ans. Le métier est encore très masculin (60%), mais ça bouge.
Jeu vidéo : N°3 en Europe, n°5 dans le monde
De 3.000 en 2010, on est passé à plus de 20.000 emplois pour 1.000 entreprises françaises dont 550 studios de développement. 76% des emplois sont en CDI.
Développeurs de jeux (84,7%) éditeurs-distributeurs (15,3%).
«Nous constatons effectivement une pénurie de professionnels. On produit beaucoup actuellement. L’animation se porte bien, le marché évolue et c’est tant mieux, malgré une année difficile sur le long-métrage. En ce moment, l’effectif tourne autour de vingt salariés, mais lorsque nous étions sur le projet de Tardi (18 mois de fabrication pour le long métrage «Avril et le monde truqué»), nous sommes montés jusqu’à cent. Nous avons du pousser les murs et ouvrir un nouveau local. En dix ans, l’activité a progressé et on est passé de petit à moyen studio. Avril et le monde truqué a déjà obtenu des prix à Annecy (Cristal du meilleur film), ainsi qu’à Zagreb et Lisbonne. Il a été nommé au César 2016 en catégorie meilleur film d’animation de long-métrage. Face à nous se dressent les blockbusters des gros studios américains. On vient en 2ème ou 3ème choix… Souvent, les films sortent en même temps et les salles n’ont pas la place pour tout programmer. De plus, le film est sorti une semaine avant les attentats de Paris de 2015. Des cinémas ont été fermés et les gens ne sortaient plus. Ce n’est jamais bon pour un lancement. Bien sûr, on peut se rattraper après, mais c’est quand même un coup dur. Les aides du CNC*, c’est une très bonne chose. Outre qu’elles vont permettre de relocaliser des productions, elles contribuent aussi au saut qualitatif et à une meilleure rémunération des salariés».
Choc de modernisation CNC. Les soutiens peuvent atteindre 800 000 € par entreprise et par projet
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Game : Ubisoft + Ivory Tower, Quantic Dream, Ankama, Gameloft, Asobo, Voodoo, Focus Home Interactive, Arkane Studios, EA, TeamTo, Focus home, Asmodee, Cyanide, Spiders, DontNod, Novaquark, Kobojo, Groupe Bigben, Zero Games, Team Break (escape game), Square Enix France (Jap)
Cinéma d’animation : Ankama, Xilam, Normaal, Samka, On kid & Family, Films du nord (Euroanima), Mikros animation, Tat studio, Jesuisbiencontent, Tchak, Cube créative, 2D3D Animation, Folimage, Foliascope, Mac Guff, Studio Redfrog, Studio Hari, Fortiche, TNZPV, H5, Marlou films, Sun Creature, Tat Productions, Anoki, Xbo Films, Prima Linea
Visualisation 3D, VR/AR/MR : Asobo, Artefacto, Persistant studios, Qualcomm, Solidanim
À noter que les porteurs de projet peuvent aussi faire appel à l’IFCIC ou se tourner vers le studio Le Fresnoy (Tourcoing). Bac + 5 minimum, ou bac + 7 années d’expérience artistique exigés pour ce dernier
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