Définir son projet, maîtriser son marché, maîtriser son art, apprendre la patience et l’humilité (sans se sous-estimer), quatre règles à respecter si l’on veut devenir photographe professionnel indépendant. La photographie est un art ultra-concurrentiel, avec peu de places à offrir et trop de monde à qui opposer un refus. Tous veulent être publiés, vendre des photos et pouvoir en vivre. Or, pour atteindre un niveau professionnel, il faut non seulement avoir du talent, une signature personnelle, mais produire aussi beaucoup de travail, ce qu’un portfolio en ligne est censé attester (Pixpa en propose). D’ailleurs, les photographes ont souvent plusieurs sources de revenus. Ouvrir un site vitrine pour faire connaître son travail, de préférence avec une newsletter pour parler de son actualité, c’est le minimum, mais n’est pas suffisant en soi. Il faut aller chercher le client, être présent sur les réseaux sociaux (Facebook, Pinterest, Flickr, Instagram) exposer le plus souvent possible et prospecter tel un VRP sans oublier de consolider la relation avec les prospects et clients. Tenir un blog photo, oui…, mais encore faut-il avoir des choses à dire et aimer écrire et partager. Pour développer son chiffre d’affaires, on peut utilement rejoindre un réseau d’affaires comme BNI France ou une communauté de photographes comme Thisweekinphoto, Oneeyeland ou encore EyeEm. La spécialisation n’est pas l’ennemi du photographe (culinaire, animalier, packshot e-commerce…), c’est souvent même un gage de crédibilité. Il faut aussi se battre sans cesse pour le respect du travail du photographe. Monter un collectif de photographes comme l'a fait Mathieu Rivrin, photographe professionnel et télépilote de drone en Bretagne, est sans doute une bonne initiative pour peser un peu plus sur les officines régionales qui recourent trop facilement aux banques d'images à bas coût comme le font assez souvent les offices de tourisme. Comme dit Philippe Manguin, "mettez moins d'argent dans les petits fours et faites travailler les photographes". A titre d'exemple, le Collectif Hors format regroupe des photographes de presse. La boite bleue est un autre collectif basé à Carcassonne qui travaille sur un festival annuel de photo. Créer ou entrer dans un collectif de photographes, ce n'est pas seulement rompre l'isolement, mais c'est aussi un moyen fédérer les énergies et de monter des projets qu'on ne pourrait lancer seul. En milieu rural, c'est encore plus pertinent. Pour gagner en visibilité, il est souhaitable de s’inscrire sur une plateforme pour photographes freelances comme Malt ou encore Trouver mon photographe. Présenter son travail sur la plateforme Behance peut permettre aussi de réaliser des ventes indirectes. Il faut profiter des périodes de creux pour mettre à jour son site web, soigner son image de marque, rééditer ses anciennes photos, en faire de nouvelles ou se former pour acquérir de nouvelles techniques. Le photographe est toujours à l’affût. Beaucoup ont profité des lieux désertés pour faire des images originales durant le 1er confinement. Profiter des moments exceptionnels pour faire des shooting enrichira votre portfolio. La question du devis se pose un jour à tout photographe débutant. Si l’on veut qu’il se transforme en commande, cela nécessite de bien analyser la demande et de prendre le temps de bien évaluer son temps de travail. Ne pas hésiter à recontacter le client pour plus de précisions. Il ne faut surtout pas surévaluer le devis, lequel doit être justifié et encore moins brader son travail si l’on veut pouvoir vivre de son art. Comment fixer ses tarifs ? On trouvera sur YouTube quelques réponses. On peut se permettre de le chiffrer un peu au dessus du juste prix pour se garder une marge de négociation. Plus généralement, même quand on pense avoir stabilisé son carnet de commandes, il faut toujours avoir en tête qu'une bonne relation avec un donneur d'ordre peut s’arrêter du jour au lendemain. Il faut se préparer à cette précarité là.