Publié le 24/10/2025
En tant qu’observateur de la vie des entreprises et du marché du travail, le Guide des ressources emploi (GdRE) a toute légitimité pour porter un regard sur les décisions des pouvoirs publics et leurs arbitrages budgétaires. À ce titre, il nous arrive régulièrement de commenter dans nos fiches les incidences de tel ou tel décret, réforme, Loi sur l’emploi ou la formation professionnelle impactant l’économie, la vie des entreprises et de leurs collaborateurs. Une fois n’est pas coutume, nous venons ici commenter en amont.
Ainsi, le récent projet d’exclure du Compte Personnel de Formation (CPF) la prestation de bilan de compétences (largement commenté dans la presse), suscite de vives réactions des organisations représentatives (FFPABC, Les Acteurs de la Compétence, Fédération Nationale des CIBC, Synofdes), mais aussi de vives inquiétudes chez les prestataires de bilan de compétences, à commencer par les indépendants qui se sont professionnalisés pour répondre aux exigences de qualité, se mettre au diapason de Qualiopi, et qui risquent demain de se retrouver tout bonnement sur le carreau.
Outre que le bilan de compétences est largement plébiscité par les salariés comme outil de gestion de carrières et des transitions professionnelles, son atout, et non le moindre, est d’être garant de la bonne gestion des fonds publics de la formation professionnelle.
Il est bon de rappeler que feu le Fongecif, gendarme bienveillant qui avait en responsabilité la gestion des contributions formation versées par les employeurs, conditionnait le financement de certaines formations longues et coûteuses à la réalisation d’un bilan de compétences en préalable.
Ce faisant, le document de synthèse devait comporter un plan d’action soigneusement argumenté quant à l’utilité de la formation choisie, à sa pertinence en regard des aptitudes de la personne, de ses compétences transférables, du marché de l'emploi et des perspectives de débouchés en sortie, sur son bassin d’emploi notamment, ce qui est l’essence même et la finalité de ladite prestation.
Les fonds mutualisés étaient ainsi mieux mobilisés, la formation et l’organisme devant la dispenser ayant fait l’objet d’une analyse rigoureuse, réduisant ainsi le risque d’erreur d’aiguillage et écartant de facto les formations fantaisistes, voire frauduleuses initialement proposées parfois par le bénéficiaire à la prise en charge par le Fongecif.
Ainsi, puisque l’argument de cette exclusion, qui sera certes débattue à l’Assemblée, est celui d’une fraude disproportionnée parmi les organismes dispensant cette prestation, la logique voudrait que l’on commence par éliminer les brebis galeuses plutôt que le cheptel dans son entier.
Si la mesure passe, elle mettra non seulement en péril l'activité des prestataires sérieux, mais au delà, elle prive des milliers de salariés de leur droit à sécuriser leur avenir. De plus, c’est une gestion plus chaotique et plus incertaine des fonds de la formation professionnelle qui se profile.
Rémy Dreano, Jérôme Descours
GdRE
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