Par Rémy Dreano.
Les professionnels redoutent une année noire avec une pause sur la demande de formation et de bilan de compétences du côté des salariés. Certaines structures affrontent déjà les premiers frimas...
Le fameux « big bang » de la formation professionnelle, ce n’est pas seulement une simplification du système, c’est aussi un objectif de rationalisation et d’économie.
En effet, le basculement du Congé Individuel de Formation (CIF) vers le Compte Personnel de Formation de transition professionnelle, présenté comme plus universel, ne devrait pas favoriser les formations longues et/ ou coûteuses.
Dans le nouveau système, le salarié devra d’abord capitaliser avant de mobiliser ses droits au CPF pour financer son projet, qu'il s'agisse d'une formation qualifiante ou d'un bilan de compétences.
Pour l’heure, c’est le plafonnement de l’heure à 15 euros qui est source d’inquiétude quand on sait que certains OPCA pouvaient parfois assurer la prise en charge jusqu’à 50 euros de l’heure. Le plafond lui-même de 5.000 euros du CPF apparait pour le moins insuffisant pour accéder à certaines formations. Et même si la possibilité d'abondements à la marge a été évoquée, on reste dans le vague.
Comment financer davantage d’heures de formation avec moins d’argent ? Quid des formations technologiques et industrielles plus onéreuses car nécessitant de lourds investissements en équipements toujours plus performants ?
La qualité des formations rime avec moyens et certains n'y trouveront sans doute pas leur compte. A moins de miser sur le co-investissement de l’entreprise et/ou du salarié, certaines formations risquent fort de ne plus pouvoir se monter.
Pour appréhender les effets de cette nouvelle refonte de la formation professionnelle, il faudra sans doute patienter deux ou trois ans. En attendant, beaucoup voient 2019 comme une année de transition, un temps nécessaire à la montée en charge des nouveaux "instruments" du CPF rénové.
Les questionnements qui demeurent nourrissent le sentiment d'inquiétude quant aux effets délétères d'un possible "retard à l'allumage de la fusée"...
Ces changements qui se dessinent dans le paysage de la formation professionnelle inquiètent aussi les indépendants et les prestataires de bilan de compétences. Pour les formateurs indépendants, c'est la question des certifications qualité et des accréditations qui vient en tête des préoccupations. Les prestataires de bilan de compétences, eux, craignent que les salariés rechignent à entamer leur CPF pour réaliser un bilan de compétences, se reportant sur le Conseil en évolution professionnelle (CEP), puisque gratuit.
On peut toujours se rassurer en se disant que cette nouvelle réforme de la formation professionnelle est censée permettre aux actifs de se former davantage...
L'édition 2019 du Guide des ressources emploi vient de paraître. Les enjeux de la réforme de la formation professionnelle y sont bien sûr commentés et explicités dans nos trois fiches* sectorielles dédiées aux métiers de la formation professionnelle.
- FicheFormation continue / Métiers de la formation • Ed Tech*
- Fiche Formateur-consultant • Consultant indépendant • Conférencier* professionnel
- Accompagnement emploi • Outplacement • Mobilité • Reclassement • Transitions de carrière*