Publié le 21/05/2019
Réussir sa reconversion (1) : d'avocate à naturopathe, le grand virage de Cécile Pétureau
Propos recueillis par Rémy Dreano.
C'est un fait, et on nous le martèle assez, les salariés d'aujourd'hui auront plusieurs vies professionnelles. Ces changements seront, soit choisis, soit subis. Dans les deux cas, il faudra gérer au mieux ces périodes de transition pour réduire l'incertitude et éviter les déconvenues.
Parfois, les événements de la vie s'accélèrent et la situation vécue en entreprise peut nécessiter de se projeter sans attendre vers une nouvelle vie, sans pour autant avoir un plan B.
Or, l'urgence ne fait pas bon ménage avec les impératifs d'une transition professionnelle sereine, laquelle implique réflexion, questionnement, maturation...
Mais, pour Cécile Pétureau, 30 ans, ex avocate reconvertie au métier de naturopathe, quitter la robe était devenu une évidence.
Lorsqu'on évoque aujourd'hui la profession d'avocat, c'est plus souvent pour souligner l'hémorragie sans précédent qui touche la profession, les conflits sur les honoraires de rétrocession dus au collaborateur libéral, sans compter les affaires de harcèlement moral relatés dans la presse. Or pour Cécile, rien de cela...
" J'ai quitté mon cabinet en droit des affaires en 2015, en très bon terme avec mes associés. On m'a même dit que les portes me restaient ouvertes si je voulais revenir. Je n'étais pas dans la pire situation qui soit, mais j'étais submergée par mon stress et cela me pourrissait la vie..."
Ne parvenant pas à trouver la solution pour éloigner la pression, Cécile décide de tout quitter un an après sa prise de fonction, remisant un long parcours étudiant (études de droit à Toulouse, licence à Madrid, prépa à l'Institut d'Etudes judiciaires (IEJ Assas) et École du barreau de Paris - EFB) et ce, au grand dam de ses parents, plutôt inquiets.
"Je n'avais alors aucun plan B. J'ai creusé le projet de bar à vin et travaillé un moment comme serveuse" raconte Cécile. Se laisser guider par l'instinct, ça marche pour certains, mais il y toujours le risque de se perdre.
Un ex-collègue lui recommande alors un coach en reconversion pour l'aider à affronter cette période délicate.
"Tout ce que je savais, c'est tout sauf le droit, rédhibitoire pour moi... Ayant une vraie sensibilité pour les questions d'hygiène de vie, d'alimentation, je me suis naturellement intéressée aux métiers susceptibles d'y répondre. J'ai découvert un peu par hasard la naturopathie, à l'occasion d'un atelier. Sur les conseils de mon coach, j'ai mené un travail d'enquête, participé à des réunions d'information, rencontré des professionnels installés..." explique-t-elle.
Étudier le marché et comprendre aussi les ressorts du business avant de s'engager. Convaincue de faire le bon choix, elle s'intéresse alors à la Fédération des Ecoles de Naturopathie (la FÉNA) pour choisir une école agréée par l'organisation, un gage de qualité.
"Je ne voulais surtout pas de formation à distance. J'ai choisi l'ISUPNAT Paris, une école créée par Alain Rousseaux, l’un des précurseurs de la Naturopathie en France..."
N'ayant exercé en libéral qu'un an, Cécile n'a pas ouvert de droits suffisants pour lui permettre d'obtenir une prise en charge de ses frais de formation. Et, pour le coup, 11.000 euros, ce n'est pas rien...
"Malgré leur inquiétude et leurs réserves, mes parents ont accepté de m'aider à financer ma formation. Pour eux, le principal, c'était mon bonheur" raconte Cécile, bien consciente du sacrifice.
"J'ai achevé ma formation en novembre 2017 et obtenu ma certification FENA le mois suivant. En janvier 2018, je vissais ma plaque.."
Un moment toujours particulier, synonyme de point de départ d'une nouvelle aventure. L'idéal est de trouver un cabinet partagé pour bénéficier de l'effet clientèle, tout en réduisant les frais fixes. Pour le reste, Cécile savait qu'elle pourrait s'appuyer sur son expérience du statut d'indépendant.
"J'ai eu de la chance... Une naturopathe quittait un cabinet partagé, j'ai pris le créneau...".
Un cabinet composé d'un ostéopathe, 1 orthophoniste, 1 hynothérapeute, 1 sophrologue et 1 psychologue. Des demi-journées au démarrage, auxquelles vont s’ajouter assez rapidement des interventions en entreprise, ainsi que des consultations au sein de l’Institut Rafaël, maison de l’après-cancer. Pas de quoi rattraper son ancienne rémunération, mais Cécile poursuit cet objectif, consciente de devoir insister sur la pluridisciplinarité d’activités.
Si les plateformes de services dédiés au bien-être au travail (QVT) sont effectivement un bon relais de croissance pour ce type d'activité, l'idéal est de pouvoir travailler en direct, ce qui suppose de générer sa propre clientèle d'entreprise. Depuis que Cécile a opté pour une présence sur Doctolib, elle a vu ses consultations augmenter, mais rien n'est jamais acquis...
"Doctolib est un bon booster, il vous donne plus de visibilité. A partir d'octobre prochain, j'intègre un nouveau pôle dans le Gers, où je consulterai trois jours tous les mois et demi. " confie notre gersoise d'origine.
Consciente du caractère aléatoire de l'activité, Cécile fait feu de tout bois tout en restant attentive à son propre équilibre personnel.
" J'adore mon job, mais je suis très réaliste...Bien vivre à Paris a un coût ! "
Cécile Pétureau. Naturopathe.