Publié le 16/11/2023

En études, en emploi ou en reconversion, la curiosité est tout... sauf un vilain défaut

En études, en emploi ou  en reconversion, la curiosité est tout... sauf un vilain défaut

Par Rémy Dreano.

Pour découvrir un pays, une ville, une culture, rien de mieux que de se perdre pour mieux comprendre. C'est en tout cas ce que dit l'adage. Aujourd'hui, tout ou presque est à portée de clic. C'est une chance mais quand on est en recherche d'emploi, en reconversion, s'aérer, sortir de chez soi est impératif. Être "Open", ce n'est pas attendre. Cultiver sa curiosité est une antidote au repli sur soi. Toute sortie peut être mise à profit.

 

Le saviez-vous ?

Sur les 100 premières agences d'architectes par chiffre d’affaires, près de 60 sont implantées dans la capitale. Leur taille moyenne est de 16 salariés. Au-delà des chiffres, la question de l’implantation d’une agence d’architecture et de ses espaces de travail mérite que l’on s’y attarde quelques instants. En dernière année d’études d'architecture, il est grand temps de se projeter sur son futur emploi...

Les locaux d’une agence d’architecture sont aussi une vitrine. Il n’est pas rare que les architectes dessinent eux-mêmes leurs propres espaces de travail, jusqu’aux bureaux, chaises et canapés, même ! 

Ainsi, à Paris, les agences se concentrent sur la rive droite et à l’Est de la capitale. Les architectes prisent le côté village dans la ville, les lieux atypiques, calmes et discrets, comme les arrière-cours, les passages secrets, les impasses. Les quartiers Oberkampf, Voltaire, Philippe-Auguste dans le XIe en regorgent.

Au détour d'un quartier : à la découverte du XIe arrondissement, ce quartier populaire de Paris qui recèle bien des secrets et surprises. 

On peut encore y trouver d’anciens ateliers de métallurgie désaffectés (Cité Durmar, Cité du Figuier, Passage Lhomme, Impasse Mont-Louis…). L’impasse Mont-Louis abrite pas moins de six ateliers d’architecture dont Les Ateliers, un véritable pôle de compétences qui regroupe des architectes, des urbanistes et des paysagistes. Au 2 rue de la Roquette, l'agence Richez_Associés est installée dans un bâtiment ancien classé protections patrimoniales. Avec ses 115 collaborateurs (architectes, urbanistes, paysagistes...), elle une des plus importantes.

Dans les sentes et arrière-cours se nichent des activités variées, des ateliers de céramique comme Clay, des friperies chics comme La Frange à l’envers, tous deux au 81 rue Saint Maur. Le passage Cité du Figuier, dans le quartier Oberkampf, abrite le siège français d'Innocent Drinks (la Halle aux fruits), spécialisée dans les smoothies. L'accueil est chaleureux, ambiance startup. 

Ce quartier regorge de petits ateliers d'art. Ainsi, au 37 bis rue de Montreuil, la Cour de l’industrie héberge une douzaine d’ateliers d’artistes peintres et plasticiens. C'est dans ce secteur que l’agence Magnum, bien connue des photographes, a ouvert sa Magnum Gallery, au 68 rue Léon Frot, très précisément. On y entre par une petite courette très discrète. Des photographes de renom y exposent tout au long de l'année. Le noir et blanc est à la fête. 

Le Faubourg St-Antoine, appelé aussi le Quartier du meuble, concentre la plupart des artisans des métiers de l’ameublement de la capitale. Dans un petit passage discret au nom plein de charme (passage de la Bonne Graine), se trouve la Maison Dissidi, spécialisée en ébénisterie d'art, copie de meubles, lambris et sièges anciens. Cette ruelle abrita jadis l'École d'ameublement de Paris qui lui a laissé son nom d'usage. L'école s'est réinstallée non loin, au 200 bis, boulevard Voltaire. 

Au 1 bis, rue Carrière-Mainguet, dans le quartier Charonne, se trouve la Maison Hamelle, une distillerie artisanale. Un espace dégustation vous attend. Les passionnés de matériel Hi-fi vintage peuvent se rendre à l'Atelier Hark, au 3 rue de la Vacquerie. On y répare les vieilles platines, tuners, haut-parleurs des années 70. Au 102c rue Amelot, près de la Place de la Bastille, se trouve le siège de l'Association Nationale de Développement des Épiceries Solidaires (ANDES/ Groupe SOS).  

Quelques imprimeries ont résisté au temps et à la tyrannie du foncier, à l'instar de l'Imprimerie du Marais qui occupe une ancienne fonderie au 6 Cité Griset, de Tigre Bleu ! au 60 rue Saint-Sabin, près de la Bastille ou encore de l'imprimerie du Canal, au 12 rue des Immeubles-Industriels, à deux pas de la Place de la Nation. Inspirés du phalanstère du philosophe Charles Fourier, ces immeubles ont en commun un rez-de-chaussée rehaussé d'un entresol conçu pour accueillir des activités industrielles ou artisanales, les étages étant à usage d'habitation. Fonctionnels et élégants sur le plan architectural, ils ont abrité au XIXe siècle plus de 200 ateliers d'ébénistes et d'artisans du meuble. Les façades arborent de grandes baies vitrées entourées de colonnes de fonte. L'ensemble est inscrit aux Monuments historiques.

Le XIe est aussi bien pourvu en écoles privées. Outre la Bonne Graine, citée plus haut, figurent entre autres l'Atelier Chardon Savard, une école de mode et de stylisme réputée, au 15 rue Gambey ou encore l'IESA Arts & culture au 1 Cité Griset, laquelle prépare aux métiers des industries culturelles et créatives et du marché de l’art. Non loin du cimetière du Père Lachaise, au 124 avenue de la République, La Manufacture Chanson est une société coopérative d’artistes au service des artistes de la chanson. On y travaille la voix, la scène, l’écriture, la composition. 

À noter que Le Père Lachaise est le plus grand site cinéraire de France. Face à l'entrée principale, le long du boulevard de Ménilmontant, les entreprises du funéraire prospèrent. Musarder est certes moins engageant, mais on voit d'emblée que leurs métiers sont en tension. On recherche des porteurs, des chauffeurs, des marbriers et des maîtres de cérémonie.Non loin du cimetière, au 20-22 rue Gerbier, se trouve Souffle Continu, un disquaire atypique qui se consacre à la défense du patrimoine vinyle. C'est aussi un label qui reédite (pour ne pas dire exhume) des musiques expérimentales françaises et étrangères méconnues ou oubliées des années 70-80. "exhumer, ressusciter, renaître à la vie". De quoi méditer sur le choix de l'emplacement...  

 

Profiter de l'ouverture d'une porte cochère, être curieux dans le bon sens du terme, arriver "à la bonne heure", c'est avoir la chance (parfois) de découvrir quelques secrets de fabrication, comme la ciselure des bronzes dorés à l'or fin et de faire aussi des rencontres inspirantes. 

Le XIe est un des quartiers les plus vivants et les plus surprenants de la capitale. On ne se lasse jamais d'arpenter ses rues. Un renouvellement modéré s'opère d'une année à l'autre qui concerne aussi les occupants des bas d'immeubles, preuve que la vie des petites entreprises n'est pas un long fleuve tranquille. Certaines s'inscrivent dans l'histoire. Elles ont résisté au temps et aux crises.

 

Musarder, se laisser suprendre, échapper à la tendance du tout virtuel... c'est l'idée.