Publié le 07/07/2016
Propos recueillis par Rémy Dreano.
Entamée depuis une bonne dizaine d’années, la politique de sous-traitance de l’accompagnement des demandeurs d'emploi par Pôle emploi à des cabinets extérieurs a pris un essor considérable.
Ainsi, depuis 2015, l’opérateur public confie l’accompagnement de ses demandeurs d’emploi les plus autonomes à des opérateurs privés. Un marché particulièrement instable, faut-il préciser…
En effet, les cabinets sont régulièrement mis sous pression et l’on assiste assez souvent à un jeu de chaises musicales lors des renouvellements des marchés (tous les trois ans). Un système qui génère de l’incertitude pour les opérateurs et, par répercussion, pour les consultants.
Mais pour Jennifer Giansily, responsable pédagogique et chef de projet chez AKSIS, l’un des opérateurs privés de premier plan, si le travail est passionnant, il faut aussi, dit-elle, accepter la précarité qui parfois l'accompagne.
“Courir après le CDI n’a guère de sens quand on connaît la règle du jeu des marchés publics. On sait tous que les postes en CDI sont rares dans nos métiers et, de toute façon, c’est un peu le lot de notre génération. Si, pour ma part, j’ai aujourd’hui un vrai CDI, ce n’est pas non plus un soulagement pour moi" confie-t-elle.
Jennifer y voit plutôt l’occasion de développer plus rapidement ses compétences. Et comme elle dit "ce sont des incertitudes qui créent des opportunités"...
“Certes, il n’y a plus beaucoup de lien entre mes études et ce que je fais aujourd’hui, mais cette réalité de consultant de terrain, je la connais bien…"
Titulaire d’un master 2 en psychologie sociale du travail et des organisations, Jennifer Giansily s'est formée à l’Université de Montpellier, se destinant à une carrière dans un service RH d’entreprise ou dans un cabinet conseil spécialisé dans le reclassement, l’outplacement, ce que l'on appelle dans le jargon, les transitions professionnelles.
“Au départ, je visais plutôt la psychologie clinique, mais durant la licence, je me suis prise d’intérêt pour la psychologie du travail. La deuxième année de master est pour un tiers consacrée au stage en entreprise. J’ai fait le mien dans un cabinet de bilan de compétences” poursuit Jennifer.
Au sortir de sa formation en 2008, notre jeune diplômée se voit rapidement proposer un poste de consultante dans le même cabinet, mais sous statut d’auto-entrepreneur.
“Une réalité de nos métiers à laquelle il est parfois difficile d’échapper…” souligne-t-elle…
En tout cas, c’est ce stage qui lui aura mis le pied à l’étrier. Quelques mois plus tard, elle est contactée par le Greta d’Avignon.
“j’ai été recrutée pour mon titre. Ils cherchaient un psychologue du travail pour accompagner des licenciés économiques en CRP (Convention de Reclassement Personnalisé), un travail payé à l’heure... Pour un jeune, c’est génial ! Je n’ai jamais aussi bien gagné ma vie qu’à ce moment là” .
Elle y réalise aussi des bilans de compétences et intervient auprès de jeunes de moins de 25 ans sur des ateliers de recherche d’emploi. Cette période voit s'enchaîner les missions pour le compte de cabinets divers et variés. Jennifer n’hésite pas à intervenir comme formatrice sur une action de mobilisation auprès de jeunes en décrochage scolaire.
“Ces allers et retours, c’est très formateur, mais c’est aussi beaucoup d’énergie. Et puis, travailler dans la durée auprès de jeunes en décrochage scolaire fut pour moi une expérience assez éprouvante…”
Jennifer est donc ravie de signer un CDD de huit mois chez son employeur actuel pour y réaliser des bilans de compétences approfondis (BCA), une prestation financée par Pôle emploi. Arrivée au terme de son contrat, Jennifer retrouve ses missions pour le compte d'autres cabinets.
En 2012, elle est rappelée par AKSIS pour intégrer un poste à dimension multiple et, cette fois, en CDI...
“Après une année passée à réaliser l’accompagnement de demandeurs d’emplois licenciés pour motifs économiques, j’ai eu l’opportunité de me voir confier de nouvelles missions. Je pense m’être démarquée en soignant mon travail et mes présentations et puis j’avais envie de m’investir au sein d’AKSIS. J’ai besoin d’adhérer au projet et aux valeurs de l’entreprise et ce n’est qu’à cette condition que je peux m’épanouir dans ce que je fais. J’ai beaucoup de chance d’être là. Je cumule les deux casquettes de responsable pédagogique et de chef de projet. Je participe aux réponses aux appels d’offres, je conçois de supports pédagogiques et je m’occupe des développements de notre web application AddViseo, une plateforme interactive développée par AKSIS et mise à jour en permanence par des spécialistes de l’emploi à destination des demandeurs d’emploi. Bref, c’est un travail passionnant et sans cesse renouvelé dans lequel, pour l’instant, je ne trouve pas le temps de m’ennuyer…».
Le cabinet (en groupement avec d'autres partenaires) a en effet remporté un marché avec Pôle emploi sur la prestation Activ’emploi qui s’adresse à des demandeurs d’emploi autonomes, mais ayant besoin d’un soutien pour outiller et optimiser leur recherche d’emploi. Le support numérique AddViseo est un outil spécialement conçu pour un parcours en ligne, en appui d’un accompagnement en agence dans le cadre du marché Activ’Emploi… Outre des supports pratiques pour réaliser un C.V, s'entraîner aux entretiens d'embauche ou encore, organiser son agenda, la plateforme numérique offre un accès à des bases de données d'entreprises, à des ressources utiles, à des offres d’emploi. Des outils et contenus qui ont l'avantage d'être accessibles 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Faire en sorte que tout marche pour le mieux et travailler à de nouveaux axes de développement pour la plateforme, c'est le travail de Jennifer Giansily qui y consacre une bonne partie de son temps. L'un de ces axes est justement de concevoir une nouvelle version de l'application, plus dédiée à l’évolution professionnelle et aux salariés des entreprises ou aux indépendants.
“Si je suis physiquement sur Montpellier, mon poste est rattaché à la direction. Les actions que je mène visent l’ensemble du territoire, ce qui entraîne aussi de fréquents déplacements” explique-t-elle.
Le cabinet AKSIS est présent sur l’ensemble du territoire ou presque. Ainsi, comme le souligne Jennifer, le consultant peut être amené à travailler le lundi à Montpellier, le mardi à Nîmes et le mercredi à Béziers, dans l’une des antennes du groupe. Une configuration qui n’est pas sans rappeler celle des conseillers détachés dans les antennes emploi des entreprises frappées par les plans sociaux, comme dans la sidérurgie ou l’industrie textile.
“Mon entreprise recrute actuellement des consultants juniors et seniors..” signale Jennifer.
Dans le cadre d’un nouveau marché qu’il vient de remporter, AKSIS recrute en effet des consultants projet professionnel et création d’entreprise. Les postes sont à pourvoir en Pays-de-la-Loire et en Ile-de-France pour commencer. Un recrutement qui est appelé à s’étendre à d’autres territoires.