Publié le 09/04/2020

Impact Covid-19 : Petit écho des filières n° 3 (09/04/2020)

Impact Covid-19 : Petit écho des filières n° 3 (09/04/2020)

Par Rémy Dreano.

 

Depuis le début de la crise sanitaire, le Guide des ressources emploi s’efforce de relayer les situations secteur par secteur, au fil de l’eau, en fonction des informations disponibles (à trouver en rubrique Actualité Éco de nos fiches).

Les situations ne sont pas uniformes. Si les entreprises ont nettement réduit la voilure et/ou mis leurs salariés en télétravail, certaines sont restées sur le pont qui continuent même de recruter (logistique, transport, énergies, agriculture, agroalimentaire, santé, sanitaire et social…). D’autres se préparent déjà à la sortie de confinement (cabinets d’expertise-comptable, Tech, startups du numérique…). 

Voici, un 3ème état des lieux que nous espérons le plus fidèle possible à la réalité du moment. La France est au ralenti… pas à l’arrêt.

Pour ce « Petit écho des filières n°3 », voici les secteurs traités :

• Sécurité civile - Sapeur pompier
• Life Sciences - Health Tech - Recherche   
• Mer - Transport maritime - Marine marchande - Affaires maritimes
• Spectacle - Musique - Industrie musicale - Danse
• Immobilier - Habitat
• Formation professionnelle - Organismes de formation et formateurs indépendants
• Information jeunesse - Missions locales - Maisons de l'emploi - Cabinets conseil carrières - Bilan de compétences - Orientation professionnelle
• Publicité 
• Communication d'entreprise
• BTP - Architecture
• Animalier - Zoos - Filière équine

Sécurité civile - Sapeur pompier


Les sapeurs-pompiers assurent comme de coutume la continuité du service, même si une infime partie des effectifs opérationnels est en confinement (garde des enfants notamment). La lutte contre le Covid-19 est leur nouvelle priorité. Etant eux-mêmes particulièrement exposés au virus parce qu'en première ligne, les pompiers ont réclamé des équipements de protection. Ils ont été globalement entendus, mais beaucoup travaillent encore sans véritable protection et doivent même veiller à économiser le matériel. En région Ile-de-France et Grand-Est, l'activité est presque essentiellement tournée vers les interventions Covid-19. De nouveaux protocoles ont été mis en place comme le cloisonnement entre équipes pour éviter une propagation du virus au sein des personnels, la décontamination systématique des camions et de leurs équipements spécifiques en oxygène. Le risque est omniprésent. Mais le plus insupportable pour nos vaillants pompiers, c'est encore de recevoir des messages anonymes d’intimidation. C'est rare, mais ça fait mal au moral...

Life Sciences - Health Tech - Recherche  

La crise sanitaire va pousser un peu plus le secteur de la Health Tech, en le sortant de sa routine. L'épidémie voit la téléconsultation grimper en flèche, ce qui va profiter aux startups spécialisées comme HelloConsult ou Qare. On parle beaucoup en ce moment d’Hémarina (cf : rubrique bassins d’emploi) et des propriétés oxygénantes de l'arénicole, un ver marin très présent en Bretagne. En matière de e-santé, il faudra aussi concevoir des dispositifs spécifiques liés au Covid-19. Reste à espérer que le soufflé ne retombe pas trop vite ensuite. Hormis les Task Force impliquant des chercheurs mobilisés dans la recherche d'un traitement ou d'un vaccin contre le coronavirus, les équipes de recherche sont confinées et en télétravail. De nombreuses recherches cliniques sont actuellement mises en oeuvre pour évaluer l’efficacité de stratégies thérapeutiques de traitement du Covid-19. Certains labos répondent encore aux appels d'offres. Hormis les établissements qui travaillent sur le Covid, tous les autres sont fermés. On apprend à travailler en étant en confinement (réunions en visioconférence). Seuls quelques personnels se relaient pour gérer les affaires courantes (cultures cellulaires en cours, animalerie...).

Mer - Transport maritime - Marine marchande - Affaires maritimes

Depuis le début de la crise du coronavirus, la flotte des porte-conteneurs inemployés est en hausse notable. Le transport maritime joue un rôle majeur dans la réponse à la crise sanitaire, c'est un maillon essentiel de la chaîne d'approvisionnement. Mais, pour les gens de mer, ce virus du Covid-19 est une menace redoutable du fait de la promiscuité. Mais, pour les gens de mer, ce virus du Covid-19 est une menace redoutable du fait de la promiscuité. En haute mer, on ne peut pas toujours compter sur les secours par hélicoptère pour récupérer des malades en situation de détresse. Les opérations de sauvetage par air sont plus souvent réalisées sur la bande côtière. Au delà de la mer territoriale, ce sont les compétences de l’État riverain qui s’appliquent, d’où une prudence extrême. Les ports doivent rester ouvert. Les pilotes maritimes, les lamaneurs doivent pouvoir aider au mouvement des navires à l’entrée et à la sortie du port. Sur les droits d’embarquement et de débarquement, les Affaires maritimes, armateurs et syndicats discutent d’autant que les cas d’infections à bord des navires marchands sont en augmentation. S’agissant de la navigation de plaisance, la question ne se pose pas, puisqu’elle a été mise à l’arrêt.

Spectacle - Musique - Industrie musicale - Danse


La décision de fermer, jusqu’à nouvel ordre, tous les lieux recevant du public non-indispensables à la vie du pays entraîne l’annulation ou le report des manifestations musicales et des représentations. Les programmations sont logiquement suspendues dans l’attente d’un retour à la normale. Le ministère de la Culture vient d’annoncer une aide d’urgence de 22 millions d’euros pour les secteurs touchés. Des mesures de soutien (reports de cotisations, taxes, fonds de secours, prêts, indemnisation chômage…) ont été dévoilées pour permettre à la filière musique (musiciens, producteurs, auteurs) de traverser cette mauvaise période en limitant la casse. Le SPIAC sonde actuellement le terrain pour faire remonter les situations et évaluer les conséquences pour chacun des métiers concernés. Les activités collectives de danse et de ballet sont également suspendues dans l’attente d’un retour à la normale. Les entreprises du secteur chorégraphique (compagnies de danse, écoles associatives de danse, indépendants…) peuvent bénéficier de quelques mesures d’urgence de soutien.

Immobilier - Habitat

L’épidémie du Covid-19 entraîne le confinement et l’arrêt des activités jusqu’à nouvel ordre. Mais si les agents immobiliers ont été obligés de fermer l'agence, ils disposent le plus souvent d’outils digitaux qui leur permettent de rester en contact avec leurs clients. Si la plupart des clients et vendeurs se sont mis sur pause, d'autres ne restent pas inactifs. Les agents immobiliers qui disposent d'outils de visio-visites sont plus sollicités. Tout n'est donc pas à l’arrêt. Si le confinement fige l’immobilier d'agence, les professionnels tentent de s’organiser et certains continuent même de recruter. Ainsi, le site Propriétés Privées propose un programme de formation en visioconférence pour débutant ou confirmé. C’est l’arbre qui cache la forêt, car selon la FNAIM, les trois quarts des agences immobilières vont bientôt souffrir de difficultés de trésorerie. La chaine de l’immobilier fonctionne mal en aval. Des compromis de vente sont gelés et le report des délais de signature autorisé par le gouvernement bloque les transactions, ce qui n’arrange rien à l’affaire. Au moins, les actes notariés peuvent maintenant être signés à distance. C’est pourquoi, tout le monde espère un déconfinement au plus tard le 15 mai pour éviter un cataclysme. Dans le secteur de l’habitat, les tâches des gardiens d’immeuble et l’entretien des parties communes restent globalement assurées.

Formation professionnelle - Organismes de formation et formateurs indépendants

L’épidémie du Covid-19 entraîne la fermeture des organismes de formation recevant du public jusqu’à nouvel ordre. Les structures qui le peuvent tentent de mettre en place des modalités de formation à distance, mais elles ne sont pas majoritaires, loin de là. Certaines sont quand même parvenues à mettre en place une organisation 100% à distance en un temps record. Il faut aussi disposer en son sein de fortes capacités de ré-ingénierie. Le surcoût du passage à distance pourrait être pris en charge par certaines instances régionales (à clarifier). Il est clair que la crise actuelle va faire bouger les lignes. Digitaliser les cours et développer la formation à distance sera la nouvelle préoccupation, d’autant que près de 90% des formations excédant la semaine sont délivrées en présentiel. A ce titre, la ministre, Muriel Pénicaud déclarait, il y a peu, que la formation professionnelle devait se réinventer autour de l'entreprise apprenante et des technologies digitales. En tout cas, pour les organismes de formation, cette interruption des cours entraîne un manque à gagner considérable et le temps perdu ne pourra pas être rattrapé. A ce titre, la région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé de suspendre tout engagement de formation nouvelle, même en FOAD, devant débuter avant le 15 avril. La sonnette d’alarme est tirée. A noter qu’en raison des difficultés actuelles, la certification Qualiopi est reportée au 1er janvier 2022*. C'est encore plus dur pour les formateurs et conférenciers indépendants, déjà mis à mal par la réforme de la formation professionnelle. Les mesures de confinement ont entraîné de facto l'annulation des prestations prévues, soit un manque à gagner considérable. Le SYCFI, qui a alerté la ministre du travail, explore actuellement des pistes pour accompagner les adhérents dans la digitalisation de leurs prestations. Pas si simple, d'autant que le temps perdu a peu de chance d'être rattrapé et que nombre de formateurs indépendants ne sont pas convaincus. 

Information Jeunesse - Missions locales - Maisons de l'emploi - Cabinets conseil carrières - Bilan de compétences - Orientation professionnelle

Les associations et cabinets ont opté pour une fermeture jusqu'à nouvel ordre de l'accueil au public, le temps d'organiser un service à distance selon les moyens du bord. En global, l'activité est à l'arrêt ou presque. Il fallait mettre en sécurité les personnels face à la pandémie, d'autant que clients et usagers sont eux-mêmes confinés. Nombre de conseillers ont basculé progressivement en télétravail. Les Missions locales, Maisons de l'emploi sont fermées qui misent plutôt sur le numéro vert, les e-mails, le chat sur les réseaux sociaux ou encore le formulaire de contact, quand d'autres se contentent de gérer les appels téléphoniques sur des lignes vite saturées. Pôle emploi n'est plus ouvert au public et fonctionne avec un personnel très réduit pour gérer les affaires courantes (courrier, appels etc..). Les agences renforcent d'ailleurs leurs capacités téléphoniques et se mettent au tout dématérialisé. Les cabinets privés, eux, tentent de maintenir les liens avec leurs clients. Tous ne disposent pas de solutions on line pour permettre de poursuivre le travail entamé. Capter de nouveaux clients est problématique en ce moment. Ceux qui disposent d'une offre 100% on line déjà rodée et qui communiquent avec ardeur sur les réseaux sociaux peuvent sauver les meubles. D'ailleurs, depuis deux semaines, les offres de bilan de compétences à distance se multiplient. La startup, Switch Collective, qui veut réinventer le bilan de compétences, a vite passé ses programmes en format 100% à distance. Les cabinets privés sont tous inquiets, car on est parti pour quelques semaines de plus de confinement d'autant, qu'avec la réforme, les cartes sont redistribuées et la concurrence, plus vive que jamais. Quant aux indépendants (auto-entrepreneurs, en portage salarial), ils se vivent comme les laissés-pour-compte du plan de sauvetage. A noter qu'en raison des difficultés actuelles, la certification Qualiopi* est repoussée au 1er janvier 2022. 

Qualiopi*

Publicité 

Sur les mois de mars et d'avril, la publicité est en forte baisse (-60%). Le secteur s'est vite organisé pour faire face à la période de confinement et la plupart des agences se sont mises au télétravail (VPN, Slack, Teams, Sharepoint, Google Drive, portables). On tente de rassurer et de se rassurer. Il faut veiller en cette période à maintenir les liens entre les collaborateurs et avec les clients. Nombre de ces derniers n’ont d'ailleurs pas de message publicitaire à diffuser dans le contexte actuel et les campagnes ont été décalées ou annulées. Mais les plus optimistes misent encore sur un rebond économique pour compenser les pertes, s'accrochant à l'idée que les entreprises clientes auront un fort besoin de communiquer au sortir de la crise. Les plus pessimistes pensent que les pertes ne seront pas rattrapées et qu'il y aura de la casse dans les agences. 

Communication d'entreprise

Les spécialistes en communication de crise, les responsables de communication interne et externe, les RP sont au charbon depuis le début de la crise du Covid-19, dans les entreprises, dans les collectivités locales, dans les associations et au plus haut sommet de l’Etat. La crise est inédite et l’exercice, sans filet. Communiquer en situation de crise est toujours périlleux, surtout quand le communicant n’est pas franchement du métier. Dernièrement, la porte parole d’Emmanuel Macron a fait étalage de ses manques. Le rôle des communicants est en effet de rassurer et de donner des informations claires et précises, surtout en ce moment et il s’agit d’éviter de déclencher une crise dans la crise. S’adapter vite, improviser parfois, mais cela doit être toujours pensé et coordonné. Un grand groupe doit réfléchir à sa communication en équipe, notamment avec le responsable marketing. Ainsi, communiquer sur la reconfiguration d’une chaine de production pour fabriquer du gel hydroalcoolique ou des masques de protection n’est pas si évident. Les initiatives de dons venant des grands groupes peuvent vite être cataloguées comme stratagème marketing. De même, poursuivre le travail de marketing comme si de rien n’était peut s’avérer contre-productif. C’est pourquoi, nombre d’entreprises et  de startups ont préféré mettre en sourdine leurs RP.

BTP - Architecture

Les syndicats des entreprises de construction, CAPEB, FFB et FNTP ont réclamé la suspension temporaire des chantiers, ce d’autant que les masques de protection manquent. La grande majorité des chantiers (90%) sont à l’arrêt, mais de grands chantiers comme celui du Grand Paris, reprennent depuis le 21 avril. La pagaille règne encore car les chefs d’entreprise ne sont pas tous en mesure de garantir la sécurité de leurs salariés, sans masques et sans consignes précises. Le gouvernement pousse à la reprise mais les syndicats s’opposent toujours à la reprise d’activité. Les patrons, eux, sont favorables à un redémarrage des chantiers, mais s’inquiètent maintenant de manquer de matériaux de construction. Dès l’entrée en vigueur des mesures de confinement, les architectes ont organisé avec les entrepreneurs du BTP la mise en sécurisation des chantiers et leur arrêt. Les propos de la ministre du travail les invitant fermement à retourner sur les chantiers n'ont pas fait l'unanimité. Les architectes dans leur majorité maintiennent leurs réserves sur une reprise immédiate des chantiers.

Animalier - Zoos - Filière équine

Si les établissements qui accueillent des animaux sont fermés au public, il n’en va pas de même pour les personnels chargés de les soigner et de les nourrir. Les soigneurs animaliers sont essentiellement tournés vers le bien-être des animaux. Cependant, on ne fonctionne qu'avec un tiers des effectifs. Pour l’heure, il y a une crainte sur l’approvisionnement en nourriture animale. Il y a aussi un doute sur la question sanitaire concernant notamment les grands singes qui seraient sensibles au Covid-19. Il faut aussi prendre en compte l’impact économique à court et moyen termes sur les zoos, aquariums, parcs animaliers qui vivent essentiellement des recettes de billetterie. De son côté, la filière équine s’attend à de lourdes pertes. La FFE, France Galop et d'autres associations invitent les acteurs professionnels du cheval à répondre à une enquête destinée à analyser les effets de la crise sanitaire pour leurs activités. La priorité pour la filière est de protéger la santé des chevaux et des personnels qui s'en occupent. Pour l'heure, c'est toute la filière équine qui est à l'arrêt, activités sportives y compris.

A suivre…