Publié le 17/12/2015

Dan Santag : artiste-peintre, illustrateur

Dan Santag : artiste-peintre, illustrateur

Propos recueillis par Rémy Dreano.

 

"Enfant, j'étais doué en dessin, j'aimais ça..".

"J'ai commencé à travailler comme installateur de radios chez Jaguar. Nous réceptionnions des voitures neuves avec leur couche d'apprêt et j'avais pris l'habitude de dessiner des formes au doigt sur les capots des voitures. Mes collègues me disaient souvent que je n'avais rien à faire dans la mécanique et que je ferais mieux de faire du dessin"

A force de se l'entendre répéter, c'est ce que Dan Santag a fini par faire...

"Je voulais être styliste de mode et finalement, j'ai pris publicité. Ma chance, c'est que ma grand-mère s'est proposée de financer mes études..."

Dan intègre l’ESAM, un établissement privé d'enseignement supérieur d'arts appliqué qui forme aux divers aspects du design graphique, de la création publicitaire et de l'architecture intérieure. Trois ans plus tard, à sa sortie, il se retrouve à faire de la cartographie au département géologie du CNRS, des tâches qu'il juge formatrices mais guère emballantes. 

Ce n'est qu'en 1968 soit, deux ans plus tard, qu'il « entre en publicité »...

"Un petit studio de pub m'a donné ma chance. L'avantage, c'est d'avoir été rapidement formé à toutes les facettes du métier. Je travaillais comme indépendant, facturant mes honoraires. L'agence me confiait des dossiers clients que je traitais de A à Z, de la réalisation des maquettes et illustrations jusqu'à la photographie et parfois même le slogan..."  

Du travail de conception publicitaire pour des marques aussi variées que Renault, Lufthansa, Olivetti, Yoplait. 

Si les budgets de communication des entreprises étaient plus que confortables dans les années 70, les rémunérations des publicitaires l'étaient tout autant.

"A l'époque les budgets étaient énormes et je gagnais très bien ma vie" confie Dan qui mènera longtemps une vie paisible et confortable entre les Halles et Saint-Germain-des-Prés. 

Puis vient le besoin de rompre avec la capitale qui se transforme, mais pas toujours en bien, de son point de vue. Commence une succession d'allers-retours et de déménagements entre Bretagne et midi de la France. L'artiste tâtonne et finit par s’installer à Damgan dans le Morbihan.

En 1991, il décide d'ouvrir son atelier de peinture.

"Plutôt que de m'enfermer, Je me suis loué un petit local pour avoir le contact avec les gens"

L'artiste-peintre présente son travail à l'occasion d'expositions ponctuelles dans la région et autour de Rennes. 

"C'est d'ailleurs lors d'une de ces expos que j'ai vendu mon premier grand tableau. Un jour, une personne est arrivée en 4/4 qui me prends dix tableaux pour les mettre en dépôt-vente dans sa galerie. Il m'en a finalement vendu cinq, au tarif galeriste…"  soit un contrat de commission au delà des espérances de l'artiste...

Dan confesse volontiers avoir des difficultés à valoriser son travail, une timidité qui s’est tout de même estompée au fil des années mais qui lui a sans doute fait manquer quelques affaires. 

"J'ai toujours eu du mal à mettre un prix sur mes tableaux. C'est comme si je ne me sentais pas assez légitime comme artiste-peintre ou, peut-être, parce que je peins très vite. En voyant les prix affichés par le galeriste, j'ai tout de même cogité quelques jours..."

 

...Quelques jours avant que Dan n'attrape une toile affichée dans son atelier à 250 francs pour y rajouter un zéro. "et ça a marché" lance-t-il, encore estomaqué de son audace...

Son métier de publicitaire n'est pas sans influence qui le renvoie à des styles de peinture assez iconoclastes et variés. Une peinture à l'acrylique où dominent le rouge, l'orange, le jaune, l’élément maritime - environnement oblige - restant tout de même très présent.

Jamais à court d'idées, il n'hésite pas à créer sur d'autres supports (faïence, bois…) .

"Je ne veux pas m'enfermer dans un style, ni même dans la peinture de tableaux tout court. Peindre, je ne sais faire que cela, mais je reste quand même ouvert à d'autres formes de création et à la demande..."

 

Si son atelier de peinture a fini par être sacrifié sur l’autel du projet d’extension de la maison d’hôtes que sa compagne gère avec soin, Dan s'est trouvé un nouveau point de chute au Bono, non loin d'Auray. Installé dans ce port pittoresque depuis septembre dernier, il a comme voisins d’autres artistes ou artisans (une sculptrice, un décorateur sur vitraux, un luthier..). Un petit écosystème bénéfique à chacun et qu'il voit d'un bon oeil..

"Je me sens très bien ici au Bono. Ma boutique-atelier est baignée de lumière et donne sur la rue. Je suis en contact avec les gens, ils peuvent me voir travailler, c'est que j'aime...". 

Pour Dan Santag, vivre de son art, c'est difficile mais possible...

"ll faut deux roues à son carrosse, avec un métier à côté qui vous permet de subvenir à vos besoins…"

S'il s'affiche comme artiste-peintre, illustrateur et non comme artiste-peintre tout court, c'est qu'il n'oublie pas ce qu'il doit à son ancien métier...

 

Dan Santag

Atelier expo au Bono (56), 

http://dansantag.blogspot.fr