Publié le 14/09/2020
Par Rémy Dreano.
La réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage n’est peut-être pas ce big bang annoncé, mais elle introduit tout de même quelques innovations de rupture comme la libéralisation du secteur de l’apprentissage avec, notamment, cette possibilité donnée aux entreprises de créer leur propre CFA.
L'école d'entreprise n'est certes pas un concept nouveau, mais la réforme devrait contribuer à lui redonner un élan. Il s'agit de susciter des vocations dans des secteurs méconnus, délaissés parfois et qui peinent à recruter. Les formats sont multiples (CFA 100% maison, apprentissage ou contrat de professionnalisation associant des écoles partenaires, école des métiers basée sur un approche pédagogique nouvelle (peer-to-peer learning), formation action reproductible sur site...). La vraie nouveauté, c'est l'adaptation des méthodes pédagogiques et des rythmes des enseignements.
Depuis près d'un an, en effet, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à ouvrir leur école interne. Il s'agit plus souvent de répondre à des situations de pénurie sur certains métiers de l'entreprise ou d'anticiper les nouveaux besoins en compétences, en lien à la transformation numérique (industrie 4.0), aux ruptures technologiques. Il s'agit alors de former aux métiers de demain. D'autres forment leurs futures recrues sur site pour leurs besoins vitaux, parce qu'il y a urgence et parce que les formations sont indisponibles sur le local ou ne répondent qu'insuffisamment à leurs besoins.
Ouvrir une école, ce n'est pas si simple et ce n'est pas à la portée de tous, comme l'affirmait Corinne Gaudic, CEO des Ateliers Peyrache et Broderie du Lys, lors d'une précédente interview pour notre blog...
"ll n’y a pas d’école de broderie industrielle, en tricot industriel non plus, et pour trouver des intérimaires ou des personnes formées, c’est très compliqué. Le contrat d’apprentissage, avec son rythme d’alternance, une semaine sur deux, n’est pas adapté. Il génère même des coûts cachés. Or, nous avons besoin de continuité pour former et produire et on n’a pas le temps de monter des écoles"
Les grandes entreprises disposent forcément de plus de moyens. Une entreprise peut ainsi former des jeunes ou des adultes pour son propre compte et/ou pour le compte d'autrui, via une fondation d'entreprise par exemple et en s'appuyant éventuellement sur des partenaires extérieurs reconnus pour la qualité des enseignements.
Certaines écoles sont ouvertes depuis un petit bout de temps comme l'école 42 de Xavier Niel (ouverte en 2013). D'autres vont bientôt ouvrir comme Industreet, le futur campus gratuit du Groupe Total qui ouvrira en 2021 à Stains (93) ou le CFA Korian des métiers du soin aux personnes âgées. Plus de 500 projets ont été recensés depuis 2019. Même si le rythme des créations reste encore modeste, on note une accélération du côté des CFA d'entreprise.
Alors, quels sont les avantages à choisir une école d'entreprise plutôt qu'une école classique ?
Malgré la situation sanitaire, la période est propice pour tout le monde car le gouvernement a concocté un plan de relance de l’apprentissage. L’effort s’élève à plus d’un milliard d’euros. L’aide par contrat est incitative qui se monte à 5.000 euros pour un apprenti de moins de 18 ans et à 8.000 euros pour un apprenti majeur, ceci pour permettre aux jeunes de préparer un diplôme jusqu’à la licence professionnelle (niveau 6 du RNCP). Cette aide est valable pour tout contrat signé entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021. Elle n’est donc pas pérenne. Mais, cette fois, toutes les entreprises sont concernées.
Quelques écoles d'entreprise :