Publié le 04/09/2014

Caroline Volcovici, bijoutière (bijouterie contemporaine)

Caroline Volcovici, bijoutière (bijouterie contemporaine)

Propos recueillis par Rémy Dreano.

 

La bijouterie contemporaine est aujourd'hui reconnue autant pour son dynamisme et sa créativité que pour ses matériaux et techniques inventives. Cet art a longtemps vécu dans l'ombre de sa grande soeur, la haute joaillerie, avec ses hommes secrets qui façonnent ces objets de parure destinés à mettre en valeur la pierre précieuse, la perle tahitienne, et bien sûr la femme.


Les Offices de tourisme vantent plus souvent les atouts de la capitale du luxe et de sa place Vendôme que le charme des petits ateliers des quartiers populaires tenus par des créateurs non moins inventifs. Des lieux que le touriste de passage ne découvre qu'au hasard d'un détour ou parce qu'on l'y cornaque gentiment… 

Caroline Volcovici fait partie de ces créatrices en bijouterie contemporaine qui ouvrent boutique dans les quartiers populaires, suivie depuis peu par de jeunes créateurs fraîchement sortis des écoles d'art et qui profitent des couveuses mises en place par la municipalité parisienne pour se lancer à moindre frais. 

Si Caroline n'est pas une novice, elle n'a pourtant ouvert son atelier que récemment, un choix mûrement réfléchi…"J'ai choisi ce quartier du 11ème pour sa sociologie, pour la proximité avec d'autres artisans et surtout parce que j'ai eu la chance de dénicher une petite boutique avec un petit loyer. C'est le nerf de la guerre, la bonne équation, il me semble… sinon c'est le bénéfice que l'on engloutit. J'ai choisi le concept atelier-boutique d'exposition. Je créé, j'expose et je propose en plus les créations d'une quinzaine d'artistes qui m'ont sollicités ou que j'ai sollicités. Il faut conserver une certaine cohérence et offrir tout de même assez de diversité en création pour que le client s'y retrouve..".

et de poursuivre… "au début, je travaillais essentiellement l'os et l'ivoire. On se rend compte assez vite que pour satisfaire une clientèle exigeante et offrir une prestation de qualité, un produit bien fini, il est nécessaire d'apprendre d'autres techniques. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi l'Afedap pour parfaire ma formation. C'est une excellente école*… On y apprend entre autres à travailler les métaux (bronze, cuivre, fer) à réaliser un fermoir, bref des techniques qu'on ne peut ordinairement acquérir qu'auprès d'un maître bijoutier". 

Mais, comme le précise Caroline, leur temps est précieux et pour accéder à leur savoir, il faut bourse délier. Alors, la possibilité d'une école qui dispose d'un ancrage avec des professionnels actifs nommés par l'Etat, qui ont l'obligation de prendre des stagiaires, c'était la bonne solution...

"Ma formation initiale s'est faite en Nouvelle Zélande. Là bas, il y a une vraie tradition de bijouterie contemporaine. En France, on est un peu enfermé dans le luxe, la place Vendôme, c'est dommage… Heureusement, les choses changent petit à petit, mais au début, c'était quasiment impossible de s'installer en bijouterie contemporaine et d'en vivre. Pourtant, le bijou contemporain, c'est un art à part entière. Il est seulement plus libre, moins codifié, moins contraint. il y a plus de liberté aussi dans le choix des matières (émaux, bronze, silicone, polyrésine, etc..)"   et il y a aussi une clientèle pour...

Depuis peu, Caroline constate avec satisfaction que son chiffre d'affaires progresse et que sa clientèle de quartier s'élargit, preuve que l'on peut "peut-être" en vivre et que son choix était judicieux…

"Quand on sait que 85% des affaires font faillite du fait d'une méconnaissance des règles de gestion, alors ces couveuses, c'est bien sûr une bonne chose pour les jeunes créateurs. On y apprend à s'occuper d'un budget, à en comprendre les subtilités. Ce qui est irritant, et c'est valable pour tout entrepreneur, c'est de devoir sans cesse payer alors que l'on n'a pas encore trouvé son premier client...une multitude d'organismes vous tombent dessus. Je voudrais juste que les pouvoirs publics d'ici se mettent au diapason des pays qui pratiquent le pay as you earn, même si je suis tout de même reconnaissante pour les aides octroyées par l'État, sans lesquelles je n'aurais probablement pas pu me lancer".

Comprendre "payer comme on gagne". Pas de client = pas d'URSSAF à régler, pas de dîme à laisser à l'un de ces nombreux organismes censés représenter les intérêts d'une profession. 

Malgré ces vicissitudes bien hexagonales, on observe avec intérêt un regain des métiers manuels. Des jeunes redécouvrent des métiers qu'ils croyaient "éteints" et se prennent de passion, la quête aussi d'une forme de liberté et d'indépendance, un rejet, sans doute, d'un certain type d'entreprise qui ne séduit plus autant qu'avant. Fait nouveau, depuis avril dernier, les métiers d'art sont reconnus comme un secteur à part entière.

"On ne sait pas encore ce que cette Loi va changer dans notre quotidien, mais au moins les choses bougent. Il y a le Comité Francéclat, des manifestations comme Maison et objet, ou Révélations, et il faut voir ce que toute cette agitation va donner par la suite…"

  • Seule école de bijouterie axée sur le bijou contemporain

 

 

"Objet rare". Galerie et atelier  (bijoux contemporain, objets d'expression)

Caroline Volcovici

11, rue Paul Bert 75011 Paris

tél : 06 07 21 26 36